Du suivi psychologique, mental et spirituel, l’athlète française Lucie Jean-Charles arrive à la performance

JOURNAL DE BORD D'UN ATHLÈTE

Réalisé par Trackandmemes, le 23 février 2024

On avait rencontré Lucie Jean-Charles une première fois dans le magazine en mai 2023. Elle nous parlait de ses débuts athlétiques, ses records personnels (7’’ 47 sur 60m à l’époque), ses passions et ce qu’elle aurait aimé voir changer dans l’athlétisme.

Après avoir établi un nouveau record personnel cet hiver lors des championnats de France Élites en 7’’ 35 sur 60m, terminant en 5e position, on la retrouve aujourd’hui, un peu moins d’un an plus tard, afin de prendre de ses nouvelles et découvrir les différentes choses auxquelles elle a dû faire face pour continuer de progresser.

Lucie Jean-Charles photographiée par Jean-Luc Juvin


Alors Lucie, quelles sont les News depuis la dernière fois qu’on a discuté ?

Cette saison, moi et mon coach avons décidé de rajouter une séance supplémentaire dans mon programme d’entrainement. Désormais je m’entraîne cinq à six fois par semaine. Tout dépendra de si je suis en semaine de compétition ou non.

J’assimile beaucoup mieux les entraînements et je récupère mieux. J’arrive à mieux comprendre les choses, donc le côté pratique se met en place plus facilement.

Lucie et son coach

Et au niveau mental, je me sens encore plus déterminée que je ne l’étais avant. Ce n’était pas toujours facile pour moi sur le plan personnel, et ça venait impacter mon projet sportif. J’ai osé faire des séances de psy, ce qui m’a permis de mieux me connaître et dédramatiser certaines choses. J’ai récemment commencé à faire de la préparation mentale ! Ça m’a apporté un vrai plus au niveau de la performance.

Pourquoi avoir employé le terme “oser” concernant le fait d’aller voir un psychologue ?

Oser parce qu’au début, consulter un psychologue n’était pas une décision évidente à prendre pour moi. Ça me donnait l’impression d’être vulnérable et faible. J’ai donc dû surmonter une certaine appréhension liée à la stigmatisation autour de la santé mentale. 

On a souvent une mauvaise image du psychologue. Quand on y va, c’est parce qu’on pense avoir de gros problèmes mentaux. Mais de mon point de vue, j’ai compris que ça aide vraiment à comprendre qui on est, comment on fonctionne, parce qu’au final, la personne qui est sur la piste est la même personne en dehors de la piste. Aller voir un psy était une étape nécessaire; me sentir bien mentalement pour être bien dans tout le reste.

Et au niveau de ta préparation mentale, pour le côté purement sportif, comment ça se passe ?

J’ai commencé assez récemment, mais j’ai déjà pu mettre en place certaines techniques, comme la visualisation des bons gestes et des mouvements juste avant de devoir les exécuter. Ça m’a aidée à rester concentrée et à bien exécuter chaque mouvement. C’est vrai que je suis encore en phase d’apprentissage, mais je constate déjà les bénéfices de cette pratique.

Lucie en compétition, photographiée par JM Hervio

Peut-on dire que jusqu’ici, tout se passe comme prévu ?

Il y a toujours des complications comme les blessures. Mais je suis de plus en plus optimiste; on fait du bon travail avec mon kiné, on arrive à gérer tout ça. Il m’aide et me rassure beaucoup.

Lucie

Puis côté foi aussi. Dieu m’a fait comprendre plein de choses. Je pensais que si je pouvais me préparer parfaitement, les choses se passeraient exactement comme je le souhaite, sauf que parfois, ce n’est pas le cas. Les blessures sont un bon exemple. Ou une course qui ne s’est pas déroulée comme prévu, ou simplement le fait de ne pas pouvoir reproduire en compétition ce que j’arrive à très bien faire à l’entraînement. C’est frustrant, mais j’ai compris que je n’étais pas maître de mon destin, et que c’est Dieu qui avait le dernier mot dans chaque situation. J’ai appris à lâcher prise, à faire ma part en bossant dur, tout en gardant en tête que c’est Dieu qui donne et que c’est lui qui dirige mes pas.

Maintenant que toutes ces choses ont été mises en place, te sens-tu suffisamment épanouie dans ton sport ?

En fait, j’ai fini par comprendre que je n’avais pas envie de faire de l’athlétisme uniquement pour la performance ou pour être heureuse. Car si mon bonheur se base uniquement dans ces choses-là, je serais souvent triste, frustrée et déçue. Et je sais de quoi je parle.

J’ai compris et accepté le fait que mon identité est en Jésus, et que mon bonheur vient du fait que je lui appartiens. Il m’a fait comprendre qu’il ne m’a pas placé dans l’athlétisme pour rien, mais pour impacter et refléter qui il est au travers ce que je dis et ce que je fais! Et ça, ça m’a permis de voir les choses différemment dans mon sport. Ça m’a énormément aidée à avoir la paix, à être sereine, à ne pas laisser le stress m’envahir et être vraiment concentrée sur ce que je réalise à l’entraînement, mais surtout en compétition. Vraiment… Ça m’a aidé à sortir de belles courses !

Je peux gagner, échouer, me blesser, je peux même tout perdre, mais la seule chose qui sera toujours là et que je ne perdrai jamais, c’est Jésus.

Revenons sur ta saison actuelle ! Comment te sens-tu par rapport à ce que tu as pu réaliser jusqu’à aujourd’hui ?

Je suis vraiment reconnaissante pour cette saison hivernale. Ça faisait quatre ans que je n’avais pas battu mon record personnel, ce qui avait impacté mon mental. Il y avait toujours cette petite voix qui me disait “patiente, continue, tu peux et tu vas y arriver”. Le fait de voir le travail payer me fait vraiment du bien. Je m’étais donné comme objectif de courir mon 60 mètres en 7’’ 30 et d’accéder à la finale. Le contrat est presque rempli, à cinq centièmes près. Mais je suis vraiment satisfaite et fière.

Es-tu bien entourée ?

L’entourage, c’est tellement précieux ! Je sais que j’ai besoin de ce moteur pour avancer. Je suis vraiment reconnaissante envers mon coach pour tout ce qu’il fait pour moi, notamment pour son soutien inestimable. J’aime son investissement et son dévouement. Je progresse chaque jour avec lui. Il m’aide à repousser mes limites et à atteindre les objectifs qu’on s’est fixés ensemble.

Avec mon groupe d’entraînement, on se pousse vers le haut. On a réussi à créer une bonne ambiance; on s’amuse, on se soutient, on s’encourage mutuellement tout en se poussant à donner le meilleur de nous-mêmes.

Lucie, son coach et ses teammates

J’ai un club qui m’aide, une famille qui pour moi est un soutien sans faille, comme mes amis d’ailleurs, mon église… C’est trop beau !

Donc voilà. Merci à Jésus qui rend justement tout ça possible, car sans lui je ne suis rien !


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