Réalisé par Trackandmemes, le 25 juillet 2024
Maliha Moussa est une jeune athlète belge âgée de 17 ans. Avec onze années d’athlétisme derrière elle, sa discipline de prédilection est la perche et l’heptathlon. On avait déjà eu l’occasion de la rencontrer dans le magazine, notamment lors d’une petite interview postée sur Instagram où elle nous révélait qu’en tant que supportrice, elle resterait fidèle à Nafissatou Thiam, même si celle-ci venait à devoir affronter la nouvelle star montante, Anna Hall.
Aujourd’hui, elle se dévoile davantage, en commençant par ses hobbies.
https://www.instagram.com/reel/CtrYlisoBFo/?igsh=MXE5M3JzYTNnZWUxeQ==
Je n’ai pas énormément d’autres passions que l’athlétisme, car ce sport prend déjà tout mon temps, mais j’aime beaucoup la nourriture ! Surtout cuisiner, ou faire des pâtisseries quand j’en ai l’occasion.
Je serai en rhétorique l’année prochaine, et après ça, je rêve de travailler dans le milieu médical, mais surtout en pédiatrie. Les études de médecine me font un peu peur car ça demande du temps et des sacrifices, mais je pense tout de même me tourner vers les sciences infirmières l’année prochaine.
Comme beaucoup, j’aimerais voyager, mais principalement dans le cadre des compétitions.
Comment se passe ton évolution ?
J’ai fait du demi-fond et du cross jusqu’en cadette, mais j’ai décidé de me spécialiser dans l’heptathlon et dans la perche. Depuis, je n’ai pas lâché ces disciplines.
Cette saison-ci se passe super bien. Je n’aurais pas pu imaginer mieux. Les petites blessures de l’année passée disparaissent peu à peu, et surtout, la performance est au rendez-vous !
L’an dernier a été très compliqué… Beaucoup de larmes, d’échecs, de déceptions et des remises en question… J’ai fini trois fois en quatrième position lors des championnats LBFA (Ligue Belge Francophone d’Athlétisme). Ça a eu un impact sur mon moral et mon physique.
Pour l’instant, j’ai battu tous mes records. Sauf à la perche où j’ai encore un peu de mal. Je dois encore débloquer certaines choses au niveau de ma technique, mais ce n’est qu’une question de temps. J’espère revenir à mon meilleur niveau d’ici la fin de la saison. Et niveau podium, j’en ai fait un en hiver sur le pentathlon. Cet été je réalise deux belles performances qui ont reboosté mon mental, et j’effectue un total de 650 points ainsi qu’une deuxième place au championnat LBFA, à 14 points du titre.
Mais ma saison n’est pas encore finie ! J’ai encore trois grands championnats en août, dont un heptathlon.
Et au niveau des entraînements ?
Mes entraînements se passent bien ! C’est un peu compliqué parfois, car je manque de régularité et de suivi sur certaines épreuves dues aux conditions climatiques. Mais on se débrouille ! Globalement, tout se passe bien, et puis j’ai bien progressé, que ce soit à l’entraînement ou en compétition.
Mes points faibles sont le sprint et le saut, mais j’y travaille ! J’ai également bien progressé sur mon mental, ce qui est plutôt agréable.
Peux-tu nous en dire plus sur ton évolution mentale ?
L’an passé, je me comparais énormément, que ce soit d’un point de vue physique ou au niveau des performances des autres filles. J’étais obsédée par mon physique et mon poids, et le fait qu’on soit tous en short et en brassières sur les pistes d’athlétisme n’a pas aidé.
On aspire à devenir quelque chose ou quelqu’un, mais je trouve que se concentrer sur ces détails peut être destructeur. De plus, mes performances calamiteuses ne m’aidaient pas du tout à avoir une meilleure perception de ma personne. J’avais constamment l’impression d’être nulle, de ne plus progresser. C’est un sujet assez difficile à aborder, mais maintenant ça va mieux car j’ai réussi à passer au-dessus de tout ça.
Je suis de nature pessimiste, donc c’était impossible pour moi de voir le positif. Si je faisais un entraînement moyen, j’allais uniquement garder le négatif et retenir que ça au lieu de voir aussi le positif. C’était dur à gérer, mais j’ai énormément travaillé sur mon mental pendant l’hiver. J’ai complètement changé ma manière de faire et de penser. Ça porte ses fruits.
Donc tu es restée active pendant tes vacances d’été ?
Plus qu’active même ! Je viens de rentrer dans le “gros” de ma préparation. J’ai eu un championnat d’épreuves combinées début juillet, puis j’ai pris une semaine et demie de vacances. Je suis partie à la mer du nord, mais je suis restée active avec quelques footings, beaucoup de vélo et de la nage. Ça fait maintenant une semaine que j’ai repris plus sérieusement les entraînements, et je dois continuer sur cette lancée pour préparer au mieux les championnats qui auront lieu en août.
Qu’est-ce qui t’inspire ?
Je dirais que je trouve de l’inspiration un peu partout, et chez tout le monde. Mon coach, les athlètes et mon copain. Ça fait bientôt deux ans que mon petit ami est blessé, mais il continue à s’entraîner. Il ne baisse pas les bras. Il continue d’y croire et ça me pousse à faire de même, à ne pas abandonner. Son mental, sa façon de voir les choses et de relativiser m’inspirent beaucoup.
Je trouve aussi de l’inspiration chez toutes les femmes et mamans qui continuent à performer, celles qui s’entraînent tout en s’occupant de leur famille. La société veut nous faire croire qu’une fois qu’on a donné la vie, on n’a plus le temps de faire du sport ou sortir avec ses amis. Mais ces femmes-là cassent un peu les codes, et c’est ce que j’aime.
Je ne peux pas non plus oublier les sportifs de haut niveau qui souffrent sans arrêt à l’entraînement. Ils se sont battus pour atteindre les sommets, et ça nous donne tous les jours envie de faire comme eux.
Quelle a été ta plus belle relation dans ce milieu ?
La première personne qui me vient à l’esprit, c’est mon coach Robin Bodart. Il a cru en moi avant tout le monde, et il continue de le faire. Il a toujours été présent dans les moments où j’en avais besoin, et parfois sans même qu’il le sache. Je lui fais entièrement confiance, que ce soit dans la gestion de mes entraînements, de mes compétitions ou encore de la technique. Je sais qu’en cas de problème, il sera là.
Il sait me rappeler à l’ordre, mettre les points sur les “i”, dire les mots qu’il faut, même quand ça fait mal.
J’ai aussi mon copain qui me soutient depuis un bon moment. Il m’a beaucoup aidé à remonter la pente, surtout l’an passé quand ça n’allait pas.
Et puis j’ai toutes mes amies que je me suis faites au fil des années. Des rencontres incroyables. On grandit, on évolue, on progresse ensemble. Et au final, ce sont elles qui rendent l’athlétisme encore plus beau à mes yeux. Car on se soutient tout en partageant des moments forts. C’est incroyable.
Maliha Moussa, 2024
Autres tes aspirations en médecine, qui souhaites-tu devenir plus tard ?
Je ne sais pas… Je suis encore jeune et j’ai plein de choses à découvrir. Je dois me découvrir moi-même aussi. Mais je sais que je veux devenir quelqu’un de bien, qui aide les gens et qui est utile à la société. Je pense que c’est aussi pour cette raison que je veux travailler dans le domaine médical, et cela depuis toute petite.