Mélanie Bovy, du coronavirus à la médaille d’Or

JOURNAL DE BORD D'UN ATHLÈTE

Réalisé par Trackandmemes, le 5 janvier 2022

Je m’appelle Mélanie Bovy, j’ai 22 ans et je fais de l’athlétisme depuis que j’ai 6 ou 7 ans. J’ai commencé à m’entrainer dans un club régional en étant petite, et là-bas on a directement remarqué que j’avais du potentiel donc on m’a encouragé à continuer l’athlétisme et à faire des compétitions. Je faisais surtout des cross. Ensuite, vers mes 13/14 ans, j’ai changé de club et je suis venue au White Star Athletic Club. J’avais besoin d’un plus grand club avec plus d’infrastructures. J’avais déjà un intérêt particulier pour les longues distances, et en arrivant au White j’ai poursuivi sur ma lancée. J’ai été redirigée vers François Clais qui est coureur de fond et demi-fond. Les premières années, tout allait bien. J’ai fait une énorme progression chez lui. Malheureusement, les petits bobos sont arrivés; j’ai commencé à me blesser… Je suis restée blessée de mes 15 ans à mes 17 ans. J’avais des fractures de stress… Ça guérissait, mais je reprenais trop tôt ou trop vite… Mais ensuite, petit à petit ça a été. Maintenant je m’entraine à Leuven avec Rick Diden. Je m’entraine beaucoup, et dans un groupe avec des athlètes de haut niveau, ce qui m’encourage énormément. En réalité, tout a changé. J’étale mes études (actuellement mon Master) sur trois années au lieu de deux. Je vis vraiment en fonction de l’athlétisme au quotidien. Tout se fait en fonction de mes entrainements. J’exerce mon sport plus ou moins tous les jours à Leuven, et tout est devenu encore plus sérieux à mes yeux, notamment avec l’infrastructure qu’il y a autour.

J’ai un peu l’impression que tu es née sur un podium. Il faudrait être aveugle pour ignorer ton potentiel. quel serait ton rêve le plus fou ?

Mon rêve le plus fou serait de faire plus de compétitions internationales et de faire les Jeux olympiques; le rêve de tout athlète. Je vais me donner les moyens de tout essayer et d’y arriver. Je ne veux pas me dire que c’est juste un rêve dans le coin de ma tête, je vais essayer de faire le plus de compétitions internationales possible. Je vais continuer sur cette ligne-là et je verrais où ça va me mener.

Médaille d’or en espoir au cross durant la saison indoor 2020. Ça a été une surprise pour toi ou tu t’y attendais ?

Ça a été une surprise parce qu’on avait eu une année Covid juste avant, donc on n’a pas su se mesurer aux autres athlètes. Ça faisait longtemps qu’on n’avait pas fait de compétitions, surtout les Cross. Ma première compétition était les championnats de Belgique. C’est vrai que je savais que je m’étais tout de même entrainée l’année précédente, puisque pendant la pandémie, je continuais à m’entrainer tous les jours. À part l’accès à une salle de sport qui avait été restreinte, je savais que j’avais fait le nécessaire pour progresser. Je savais que j’étais entrainée, mais je ne savais pas où en était la concurrence. Mais tout s’est bien passé, j’ai gagné en espoir ! J’étais vraiment contente.

Comment as-tu fait pour garder le niveau malgré la crise sanitaire ?

Courir c’est courir. On s’entrainait beaucoup dans les bois. En hiver, c’est ce qu’on fait en général. C’est du travail de fond. S’entrainer dans les bois c’est quelque chose qu’on a toujours su faire. Ce qui était plus compliqué, c’était l’accès à une salle de musculation, donc ces exercices-là étaient limités à ce que j’avais dans mon garage; une médecine ball, suisse ball, élastique… Ce n’est pas énorme, mais j’ai fait avec ce que j’avais. Les entrainements, je savais les faire dehors, en forêt, donc ça m’a permis de continuer à m’entrainer. Mentalement, les compétitions étaient annulées une à une. C’était un coup dur à chaque fois qu’une compétition était annulée, mais on savait qu’elles allaient revenir un moment donné. J’essayais de garder la motivation comme ça. Mon entraineur nous disait de ne pas nous prendre la tête avec quelque chose dont on n’avait pas le contrôle. Il nous disait de simplement faire du mieux que nous pouvions, car les courses allaient de nouveau être organisées. Heureusement, cette période sombre est enfin passée.

Quelle est la séance la plus dure à tes yeux ? Et quelle est ta séance préférée ?

Ce sont souvent les séances sur pistes lorsqu’on prépare les compétitions estivales, les séances spécifiques. Une séance de « 10×1.000 mètres » au rythme de 10.000m ou « 6×1.000m » au rythme de 5.000m avec 2 minutes de récupération. Ça, ça pique un peu.

En ce qui concerne les séances, je les aime toutes. J’adore m’entrainer. Dès que je cours, je suis contente. Que ce soit un footing court ou un footing progressif, sur une longue sortie ou sur un intervalle sur piste, même le petit réveil musculaire sur six kilomètres, je l’aime autant qu’une grosse séance.

Quelle relation entretiens-tu avec ton coach et penses-tu que cette relation influence tes performances ?

Comment déjà dit, j’ai changé de coach l’année passée. Et c’est avec Rick Diden que j’ai fait une grosse progression. Il est vraiment bien et il m’a bien cerné. Il commence à me connaitre en tant qu’athlète. Il sait ce que j’ai besoin d’entendre et ce que j’ai besoin de faire. Il a bien appris à me connaitre. Franchement, on s’entend bien. Il est tout le temps là aux entrainements. Il fait beaucoup de feed-back également, et moi de mon côté je fais de même. Ç a aidé pour qu’on apprenne à bien se connaitre. Évidemment, je pense que ça influence les performances parce que je lui fais une confiance aveugle. Il a toujours pris le temps de m’expliquer pourquoi il me mettait une telle séance ou une telle semaine d’entrainement… J’ai bien vu que j’ai progressé l’année passée, donc ça renforce cette confiance. Il connait mes objectifs en tant qu’athlète et je pense que le plus important dans la relation coach/athlète c’est la confiance.

On dit souvent aux sprinters de ne pas trop réfléchir lorsqu’ils courent. Mais la course de fond est complètement différente. À quoi penses-tu à l’entrainement et durant une compétition ?

Ça dépend de la séance. Si c’est un footing de récupération, je penserai à beaucoup de choses banales. Plus les séances deviennent intensives, plus je souffre et à ce moment-là, il y a de moins en moins de choses qui se passent dans ma tête. À l’entrainement, j’essaie de me conditionner par rapport à la compétition. Je sais ce qui se passe dans ma tête lorsque je suis à une compétition, donc à l’entrainement, lorsque je sens que je commence à souffrir,  j’essaie de simuler ce qui se passerait en compétition afin de savoir mieux réagir dans ces cas-là. J’ai quelques phrases qui me permettent de garder ma concentration et de ne pas partir trop loin dans mes pensées, sinon je perds le rythme et je panique… J’essaie de rester dans le moment présent et de ne pas trop penser. En fait, quand je souffre, je pense qu’à une chose.. Que ça s’arrête et que ça finisse… Mais bon, j’imagine que c’est normal.

Tu as choisi de poursuivre ton rêve en t’entrainant au White Star Athletic Club, mais qu’est-ce qui t’a charmé dans cette famille ?

Le White Star est un club très dynamique. C’est un grand club et un beau stade avec une belle piste. Ça m’a attiré. Maintenant, ils ont aussi restructuré le comité donc ça rajoute un dynamise et un peu de fraicheur. Je pense que François Maingain a de bonnes idées et de bonnes initiatives pour motiver les jeunes. Le club organise de plus en plus de meetings. Ils ont renouvelé la piste, ils organisent des stages… Je me souviens qu’à l’époque je partais en stage, et c’était ce que j’adorais ! Trouver de la joie dans l’entrainement. Quand on est jeune, c’est ce qui permet de continuer sur le long terme.

Quels sont tes objectifs pour la saison à venir ?

Les Cross CUP ! L’an passé, on n’en a pas eu, mais cette année j’espère qu’ils seront organisés. Il y a aussi les championnats d’Europe en Cross, c’est une des choses auxquelles je rêve depuis que je suis petite. J’aimerais me classer le mieux possible à tous les Cross. 

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