Réalisé par Trackandmemes, le jeudi 2 mars 2023
Rachel, c’est notre athlète norvégienne qui gère avec professionnalisme la combinaison entre ses compétitions et son cursus scolaire norvégien. Cette saison, elle enchaine les records personnels en triple saut. D’abord en 13m05, 13m19, puis 13m25, pour finalement établir un nouveau record en 13m28. Une progression qui ne semblait jamais se terminer.
Tu quittes le RESC (Bruxelles) pour t’affilier au CABW (Nivelles). En quoi ce changement a-t-il été bénéfique pour mieux assurer ta carrière d’athlète ?
On me dit souvent que je suis une personne ambitieuse dans tout ce que je fais. Et en réalité, je n’aime pas faire les choses en moitié. Du coup je préfère être dans une équipe où je sais que je serais soutenue à 100%. Avec le CABW il n’y a pas eu d’hésitation.
As-tu également effectué un changement en ce qui concerne ta préparation physique ?
Cette année, mes entrainements hivernaux étaient bien plus violents que ce que j’ai pu avoir dans toute ma vie. J’étais arrivée à un stade où j’attendais carrément la blessure puisque les entrainements étaient si intenses… Mais elle n’est jamais arrivée. J’avais plusieurs entrainements par jour que je devais combiner avec ma vie étudiante, et avec parfois peu de sommeil en prime… Je pense que ce qui m’a sauvée en terme de performance c’est le fait d’être partie deux fois en stage sportif. J’ai fait un premier stage à Vittel (France) avec le CABW (Club Athletic du Brabant Wallon) et une semaine plus tard j’étais en Espagne avec mon groupe norvégien, juste avant que le début de la saison commence. C’était la première fois que je faisais des stages avant une saison indoor. La vie étudiante-athlète, je la trouve beaucoup plus facile lorsqu’on fait tout au même endroit. Les journées sont mieux réglées et les entrainements se font dans de meilleures qualités.
Tu enchaines les records personnels semaine après semaine… On dirait que ton potentiel est sans fin ! Comment expliques-tu cela ?
Le travail a payé, ahaha. Le triple saut est une épreuve où quand tu veux devenir plus fort physiquement et techniquement, et battre ton record, c’est possible. C’est même possible de le battre de 50cm en un concours, en y sautant trois fois.
Concernant mon coach, il met les choses en place de manière à ce que je comprenne vite et arrive à appliquer directement lors de la prochaine compétition. Et parfois, quand il voit que je ne comprends pas, il me fait faire certains exercices jusqu’à ce que j’arrive à comprendre ce qu’il veut m’enseigner.
On te voit souvent voyager entre la Belgique et la Norvège, tes deux pays mères. Est-ce que tu peux nous en dire plus sur ces déplacements ?
J’ai déjà habité à Bruxelles pendant quelques années. J’ai fait mes secondaires là-bas, mais pendant la pandémie, j’ai dû retourner en Norvège pour des raisons évidentes. J’ai vraiment hésité à revenir en Belgique après le covid, cette période qui me semblait sans fin… Mais j’ai finalement commencé mes études supérieures en ligne, ici en Norvège. J’étudie les relations internationales. Et comme c’est en ligne, je peux être où je veux, quand je veux. J’apprends aussi le français en présentiel en Norvège, et parfois en ligne. Mais bon, je ne conseille pas spécialement de faire des études en ligne, car ce n’est pas un système qui conviendrait à tout le monde.
Je dois aussi mentionner que la Belgique, notamment Bruxelles, a contribué un peu en me poussant vers les études de relations internationales…
Ça fait 5 ans maintenant que je fais des aller-retour Norvège-Belgique. J’ai l’habitude. Enfin… Si l’on oublie mon aérophobie qui, malgré toutes ces années, n’a jamais vraiment disparu…
Je suis d’origine congolaise, j’ai de la famille en Belgique, et parfois, je loge chez des amies.
Tu as récemment effectué un record personnel en longueur. Comptes-tu jongler entre ces deux disciplines voisines; la longueur et le triple saut ?
En vrai, je ne m’entraine pas du tout pour la longueur, d’un point de vue technique. J’ai réussi à faire un record en longueur (5m76) avec une technique inexistante, et j’ai utilisé la course d’élan que j’applique au triple saut, donc ce n’était pas parfait. Vu mon physique et les qualités que j’ai dans ma discipline principale, on pense qu’il y a du potentiel en longueur aussi. Pendant ma préparation outdoor, je vais faire quelques entrainements pour m’améliorer.
Tu as donc bouclé ta saison hivernale avec deux magnifiques records personnels. La saison d’été arrive à grands pas. As-tu déjà une perspective sur la manière dont tu souhaites l’aborder ?
Pour commencer, j’ai fini ma saison indoor avec une compétition qui n’a pas été à cause des problèmes dus à ma course d’élan. Il reste de potentiel et avec plus d’entrainements, de stages, j’espère pouvoir sauter beaucoup plus loin d’ici l’été. Ma saison outdoor sera un peu comme l’indoor, mais avec beaucoup de compétitions en dehors de la Norvège. Mon premier concours est planifié pour le 7 mai, en Belgique. L’un de mes objectifs sera d’avoir un bon classement aux championnats d’Europe Espoirs qui se dérouleront en juillet.
Te sens-tu suffisamment soutenu, que ce soit financièrement ou même d’un point de vue social ou moral ?
Moralement oui. Je pense notamment à mon coach et mes parents. Financièrement, ça dépend. En tant qu’étudiante, le soutien qu’on m’offre me permet quand même de ne pas trop m’inquiéter par rapport à comment payer mes stages. Et ça, c’est un point qui a été essentiel dans ma progression durant ces dernières années. Mais à la fin, d’un point de vue financier, je perds beaucoup plus que ce que je gagne. Je vis chez mes parents qui me soutiennent énormément, et pour le moment c’est ça ma clé. En plus, ma façon de vivre ne me dérange pas. M’entrainer, étudier, manger, dormir… Cette routine m’aide beaucoup. Et mes études seront toujours prioritaires.
En ce qui touche le soutien social, ça dépend aussi parce que mon cercle est petit, et je préfère que ça reste comme ça.
Yulimar Rojas, la recordwoman vénézuélienne en triple saut a dit « Le président Hugo Chávez a été un pilier fondamental pour le sport dans mon pays. Il a promu de nombreuses méthodes pour que le sport puisse atteindre les niveaux les plus bas et pour que les enfants puissent voir que le sport est important pour la santé et les valeurs humaines. » Observes-tu une amélioration de la part des fédérations belges et norvégiennes dans leur manière de promouvoir l’athlétisme ?
En Belgique, je ne sais pas. Pour le moment je suis située en Norvège donc je ne suis pas très au courant de tout ce qui se passe en Belgique. Par contre, en Norvège, il y a une amélioration. Cette année, ils sont devenus un peu plus stricts, mais on a beaucoup de sous-fédérations dans chaque région qui font un bon travail !