Réalisé par Trackandmemes, le 21 août 2025
NKDM, c’est la team bruxelloise dont Charles Niesen est à la tête.
Ce qui fait la particularité de ce groupe, c’est la performance, même pour les athlètes ayant un âge avancé.
Qu’est-ce qui t’a poussé à devenir coach ?
Charles : “ Depuis mes débuts en 2011, j’ai toujours eu envie de devenir coach, mais je pensais réserver cette ambition pour plus tard, probablement après ma carrière de sprinter. Au départ, je m’entraînais seul. Très vite, j’ai compris que ce ne serait pas simple, alors j’ai rejoint un club. L’entraînement en groupe était plus motivant, mais je me suis rapidement rendu compte que mon propre plan d’entraînement était parfois plus pertinent que celui qu’on me proposait. Je me sentais plus à l’aise en suivant mes propres choix : même en cas d’erreurs, je n’avais aucun regret, alors qu’exécuter les consignes d’un coach avec lequel on ne se sent pas à l’aise peut devenir frustrant à la longue.
Au fil des années, j’ai intégré différents groupes d’entraînement, mais sans grands résultats.
Il m’a fallu quatre à cinq ans pour améliorer les records personnels que j’avais établis dès mes débuts en m’entraînant seul.
Puis, j’ai eu la chance de rencontrer un coach exceptionnel, Pierre-Alexis Giraud, qui a révolutionné ma carrière. J’ai travaillé avec lui plusieurs années, jusqu’à son départ en France. C’est à ce moment-là que le coaching a pris une nouvelle dimension pour moi.
En 2021, j’ai commencé à encadrer un ami proche, Adam, lors de séances individuelles. En quelques mois, il a réalisé d’énormes progrès, alors qu’il stagnait depuis des années.
Malheureusement, la période du Covid l’a empêché de confirmer tout cela en compétition.
Mais j’ai pris un plaisir immense à le coacher, au point que cela a fini par dépasser mes propres ambitions sportives. Je m’entraînais avec lui, mais je me concentrais davantage sur sa progression que sur la mienne. J’ai donc décidé de bâtir un programme qui me permettait à la fois de continuer à m’entraîner et de m’investir pleinement dans le suivi de mes athlètes.
L’année suivante, mon frère s’est lancé dans le sprint à mes côtés. Cela a confirmé mon goût pour l’entraînement et tout ce qu’il implique: les progrès, les difficultés, le travail quotidien. J’ai même mis de côté mes propres ambitions pour leur permettre de donner le meilleur d’eux-mêmes. Quelques mois plus tard, Zola a rejoint le groupe et, ensemble, nous avons formé une petite équipe. Le fait de nous entraîner collectivement m’a redonné l’envie de revenir au haut niveau, et c’est ainsi que j’ai retrouvé la motivation pour reprendre ma propre progression, avec l’ambition de revenir à mon meilleur niveau, voire de le dépasser. ”
Quelle est ta vision en tant que coach ?
Charles : “ En tant que coach, mon but est d’aider chaque athlète à donner le meilleur de lui-même tout en prenant du plaisir dans le sport. Le sprint, ce n’est pas seulement aller vite : c’est surtout apprendre à bien se connaître, rester concentré et persévérer pour progresser. Je veux que mes athlètes progressent à la fois physiquement et mentalement, qu’ils aient confiance en eux et qu’ils apprennent à se dépasser en sécurité.
Je fais des plans d’entraînement adaptés à chacun, je travaille la technique et je fais attention à la récupération, parce que chaque sprinteur est différent. Au-delà des résultats, je veux qu’ils prennent plaisir à s’améliorer, qu’ils soient réguliers et responsables dans leur entraînement. ”
Cette saison, à l’âge de 28 ans, Khalid explose son record, en passant de 7’’53 à 7’’18 sur 60 mètres. Sur 100m, il passe de 11’’43 à 10’’92, et sur 200m, il gagne plus d’une seconde en s’offrant un nouveau record en 21’’93.
Comment es-tu parvenu à obtenir une telle progression pour cet athlète ?
Coach : “ Pour moi, le plus important, c’était d’organiser son entraînement et de l’adapter à ce dont il avait vraiment besoin. On a bossé la technique, la puissance, la récupération et surtout la régularité. Chaque séance avait un objectif simple, pour qu’il puisse progresser pas à pas et voir ses résultats rapidement.
Ce qui a vraiment fait la différence, c’est son état d’esprit. Il suit les ajustements, se remet en question et persévère même quand c’est dur. On a aussi travaillé sur la confiance en soi et la gestion de la pression : rester concentré, donner le meilleur et apprendre de chaque séance.
C’est ce mélange d’un entraînement clair et de sa motivation qui lui a permis de progresser autant. Aujourd’hui, il est plus fort, plus rapide et surtout plus sûr de lui, et ça, franchement, ça me rend super fier en tant que coach. ”
Quels sont tes espoirs pour l’avenir ?
Khalid : “ J’aimerais continuer à travailler, améliorer ce qu’il faut, tout en restant humble et patient. Et pourquoi pas, un jour, pouvoir me mesurer aux plus grands athlètes du pays. ”
Mais s’il y a bien une progression qui doit être mise en avant, c’est celle d’Ali. Cette saison, en collaboration avec son entraîneur, ils réussissent à contourner la logique… En effet, à 34 ans, Ali parvient à détruire de manière remarquable ses anciens records sur 60m, 100m et 200m. Sur la courte distance, il passe de 7’’54 à 7’’36. Et cet été, sur 100m, il passe de 11’’61 à 11’’34. Sans oublier sa belle progression sur le sprint long (200m)… 23’’24 à 22’’80.
Pour Ali, une telle progression était-elle prévisible ?
Coach : “ Avant de rejoindre mon groupe, Ali était sur le point d’arrêter l’athlétisme. Il se sentait perdu et ne comprenait pas pourquoi il courait ces temps malgré tous les efforts qu’il fournissait.
Pour l’aider, j’ai organisé une journée de tests pour analyser ses points forts et ses faiblesses, et on a regardé les résultats ensemble. Ça a permis de comprendre clairement pourquoi ses performances n’étaient pas au niveau attendu et comment on pouvait avancer, étape par étape.
On a travaillé méthodiquement sur chaque aspect, tout en restant progressif pour ne pas le décourager.
Il y a eu quelques erreurs, quelques moments où ça allait moins bien, mais il m’a fait confiance et moi je croyais en ses capacités. Aujourd’hui, les résultats parlent d’eux-mêmes : même à son âge, il a fait de super progrès, il est beaucoup plus sûr de lui et retrouve le plaisir de courir. C’est vraiment gratifiant de voir quelqu’un retrouver la confiance et avancer autant après avoir été bloqué pendant si longtemps. ”
Comment vis-tu ta collaboration avec Charles ?
Ali : “ Le lien que nous avons noué dépasse largement le cadre professionnel : c’est une véritable entente fraternelle. Honnêtement, je n’ai jamais ressenti cela avec quiconque dans le milieu sportif.
Avec lui, on se sent écouté, compris, et profondément respecté.
Il met tout en œuvre pour nous, absolument tout, de A à Z.
Étant donné le nombre très restreint d’athlètes qu’il accepte d’accompagner, sa priorité est avant tout la qualité, et cela se ressent à chaque instant. ”
Parmi les autres athlètes du groupe, on compte également la progression de Zola qui a su prendre sa place cette saison-ci. Il passe de 7’’10 à 7’’06 sur 60m et de 22’’74 à 22’’53 sur le 200m en extérieur. Sans oublier Gabriel, le petit frère de Charles, qui a déjà confirmé son potentiel la saison passée avec un record en 6’’93 sur 60 mètres.
Charles, tu le connais en dehors comme sur le terrain. En ce qui concerne son coaching, quelles sont les qualités que possède ton frère que tu pourrais mettre en évidence ?
Gabriel : “ Charles est un coach qui recherche la progression sur plusieurs années. Il a lui-même eu des coachs qui poussaient le corps dans sa limite pour obtenir rapidement des temps exceptionnels. Passionné par le sprint, sa méthode vise le long terme. Il passe beaucoup de temps à analyser nos vidéos de courses, effectue des recherches sur la récupération, sur l’alimentation et la musculation.
De plus, il n’a pas peur de se remettre en question lorsqu’un athlète fait plusieurs contre-performances. Quand ça arrive, il regarde si l’entraînement a été planifié à une date trop proche de la compétition, ou si celui-ci était trop fatiguant. Il n’a pas cette fierté de penser qu’il ne fait aucune erreur. Charles explique aussi que, malgré son expertise, il n’est pas magicien. Si l’athlète ne fait pas les choses nécessaires en dehors de la piste, il n’y aura pas de miracles.
Pour finir, il établit une vraie relation humaine. On rigole, on dit ce qu’on ressent, et on est libre de dire quand on a mal… ”
As-tu déjà un plan pour la saison prochaine ?
Coach : “ Oui, j’ai déjà des idées claires pour la saison prochaine. L’objectif principal est de continuer à faire progresser mes athlètes tout en gardant le plaisir et la motivation. On va fixer des objectifs précis pour chaque période, travailler de manière progressive et varier les entraînements pour éviter la routine.
Je veux aussi qu’ils apprennent à mieux se connaître, à gérer leur effort et leur récupération, et à rester motivés tout au long de la saison. L’idée, c’est de construire une saison solide où chacun peut se dépasser, atteindre son meilleur niveau et garder le plaisir de courir. ”
NKDM est donc une team dont les athlètes sont en pleine progression. Les sportifs, mais aussi le coach, puisque cette saison, à l’âge de 31 ans, Charles fait disparaître son ancien record sur 60 mètres qui datait de 2018 (6’’83), pour afficher un nouveau record personnel en 6’’80.