Réalisé par Trackandmemes, le 6 juin 2021
Je m’appelle Diego Milla, j’ai 24 ans et je fais de l’athlétisme depuis 14 ans. Ma spécialité, c’est le 400 mètres. En 2020, j’ai été champion en salle sur cette discipline.
En quoi consiste ton job à l’INSEP (Institut National du Sport, de l’Expertise et de le Performance) et comment fais-tu pour le gérer avec tes études et ton sport ?
Je suis en stage à l’INSEP depuis décembre 2020. C’est un stage de 6 mois et c’est également mon stage de fin d’études, stage que je fais après mon master 2 en management des organisations du sport. À l’INSEP, on m’a confié deux missions. Je suis chargé des réseaux sociaux donc je crée du contenu sur Twitter, Instagram, Linkedln et Facebook. Je suis également assistant pour la gestion des relations des médias avec l’INSEP. J’organise donc les tournages, ou encore la venue des médias sur le site de l’INSEP. On peut dire que j’ai de la chance au niveau de l’organisation entre mon travail à l’INSEP et ma pratique sportive. Cet institut m’a permis d’utiliser les infrastructures sportives durant cette crise sanitaire, donc malgré le fait que je sois en stage, j’ai tout de même peu l’occasion de profiter des installations. C’est vrai que devoir gérer le sport avec le travail est une situation très prenante, mais ça fait longtemps que je fais de l’athlétisme… Je suis habitué à devoir combiner le côté « scolaire » avec le côté « sportif ».
Toi qui étais listé, donc qui faisais partie des personnes ayant accès aux compétitions et infrastructures durant le confinement, comment as-tu vécu cette situation d’un point de vue interne ?
Je suis sur la liste ministérielle, et cette période m’a vraiment permis de comprendre la chance que j’avais, en tant qu’athlète listé, de pouvoir continuer à m’entraîner dans un stade, notamment durant le premier confinement. Je me rappelle que, parfois, le stade ouvrait son accès uniquement pour moi… J’ai donc pu faire mes séances de musculation. Je me suis rendu compte à quel point j’étais privilégié par rapport aux autres, et j’ai ressenti ça comme une force. Je me suis dit: « Tu es seul, et tu as accès à une piste, pendant que 600 autres personnes n’ont pas le droit d’y aller. Donc rentabilise le temps que tu passes ici. Si tu es là sur cette piste, c’est pour travailler, et tu dois le faire à la fois pour toi, mais également pour toutes les personnes qui ne peuvent pas le faire, or qu’elles le méritent tout autant que toi. » Cette saison, les compétitions étaient réservées aux listés. J’ai pris la décision de ne pas y participer parce que mon coach et moi-même avons décidé de nous concentrer sur les compétitions estivales, et consacrer la saison hivernale à une grosse préparation.
Sur ton profil, on peut voir une bulle en story à la une nommée « chef diego ». Et durant le premier confinement, ton Instagram a beaucoup tourné à cause de ta fameuse vidéo familiale titrée « un dîner presque parfait ». vous êtes des génies. Mais quelle influence a ta famille dans ton sport et tes objectifs ?
Pour moi, la famille, c’est super important. Je pense que le cadre familial joue énormément dans la construction d’un athlète. J’ai de la chance d’avoir une famille très équilibrée avec qui je suis proche. Je vis chez mes parents, et heureusement qu’ils sont là parce que ce n’est pas toujours évident de devoir gérer la vie d’un athlète avec tout le reste. Seul, je ne m’en sortirais pas. C’est un atout de pouvoir rentrer chez-soi, et découvrir que ta mère a fait à manger, ou a lancé une lessive. C’est un atout que ta famille soit là autour de toi et qu’elle comprenne ton projet sportif et te soutienne en permanence. Mon père vient me voir en compétition depuis que je suis tout petit. Il connaît mes performances aussi bien que moi, voire mieux… Ma mère vient me voir lors des grands championnats. C’est très rare qu’ils ne soient pas présents. Une famille qui fait tout pour que ton cadre et ton environnement soient favorables à ta pratique sportive, c’est vraiment un privilège et une bénédiction. Le soutien financier est aussi à tenir en compte parce que l’athlétisme n’est pas un sport très coûteux, mais ça reste une pratique qui demande un investissement. J’ai donc de la chance que mes parents soient là pour m’aider et encourager mes choix. Ils sont pour moi un soutien à tous les niveaux.
Quelle relation entretiens-tu avec ton coach ?
Mon coach, je le considère un peu comme mon deuxième père. Je m’entraîne avec lui depuis 2012. On se connaît à merveille et on a une belle collaboration ensemble. Je ne suis pas forcément dans un club dit « élite », mais l’ambiance est familiale. Durant de nombreuses années, je m’entraînais seul lors de mes grosses séances. J’ai un coach qui me tire vers le haut, c’est avec lui que j’ai commencé à performer. On a un projet cohérent ensemble. Il est la raison pour laquelle je suis toujours dans mon club à l’heure actuelle, j’y suis pour continuer à performer à ses côtés. Il m’a vu grandir, et a détecté le potentiel que j’avais sur 400m. À l’origine, je me voyais bien faire du triple saut. Avec lui, je compte progresser. Nous formons un beau duo, et les performances que je fais aujourd’hui sont les résultats de la planification qu’il fait et des efforts que je fais.
Quels sont tes objectifs pour la saison outdoor 2021 ?
Cette saison, j’ai des objectifs chronométriques. J’aimerais passer sous les 47 secondes, et me rapprocher des 46’50’’. J’aimerais faire une finale A au championnat de France Élites. Je l’ai déjà fait, mais il n’y avait pas spécialement tous les meilleurs athlètes français réunis, mais je pense que cet été, avec les Jeux Olympiques, tous les meilleurs seront réunis. Donc faire cette finale serait un challenge que j’espère pouvoir relever !
Et sur le long terme, quel est ton rêve le plus fou ?
Comme tout athlète, les Jeux olympiques qui auront lieu à Paris en 2024, même si je commencerais à me faire un peu vieux. Les JO, c’est un rêve. Je continue de travailler pour ça, parce que les rêves, c’est bien de les avoir en tête, mais il faut les atteindre ! Sur le plan professionnel, mon rêve serait d’être le responsable en communication de World Athletics, par exemple.
Courbevoie Athlétisme Club, c’est ton club. Il a l’air de prôner la diversité. Comment y est l’ambiance ?
C’est un petit club formateur et super familial. J’y suis arrivé jeune, et on a tous grandi ensemble. On danse pendant nos récupérations, c’est à se demander si c’est un club de danse ou d’athlétisme. Les interclubs, c’est un événement de joie entre nous. Ce club, c’est également une des raisons pour lesquelles je reste ici, bien que je pourrais aller dans un plus grand club qui propose des primes.
Qu’est-ce que l’athlétisme représente pour toi ?
La mort ! Non je rigole. Pour moi, l’athlétisme est un sport qui repose vraiment sur l’expression « repousser ses limites », et le 400m est la discipline qui incarne le plus cet esprit de persévérance. La première fois que tu fais un 400m à fond, tu prends cher, tu constates clairement quelles sont tes limites. Tout l’enjeu va être de travailler dur à l’entraînement pour supporter de plus en plus la douleur, surmonter la difficulté pour aller chercher le meilleur de toi même. Et quand tu finis, que tu as tout donné, que tu es mort, que tu es par terre mais que tu as battu ton record ou gagner un championnat, là, le sentiment de plaisir et d’accomplissement de soi que tu ressens est incroyable… Incomparable.