Réalisé par Trackandmemes, le 7 février 2022
Je m’appelle Laureen Ouceni. J’ai 19 ans. Je suis licenciée au club Saint-Denis Emotion en France. Je m’entraine juste en bas du stade de France. L’hiver 2021 j’ai été vice-championne de France sur 400m. En été, j’ai remporté la deuxième place au Championnat de France sur 200m et j’ai fait troisième sur la discipline du 400m. J’avais également la deuxième meilleure performance française chez les juniors sur 400m.
Aujourd’hui athlète confirmée, tout comme ton frère, Ludovic Ouceni… vous vous entraînez à l’INSEP en France, mais le reste de votre famille est en Martinique ? Comment arrives-tu à entretenir ta relation avec les tiens ?
Je m’entraine principalement à Saint-Denis, ville française, mais deux jours semaines, je vais à l’INSEP. En 2024, lorsque les Jeux auront lieu, mon stade sera la piste d’échauffement.
J’ai de la famille en Martinique et à la Réunion. Ici, en France, je n’ai pas beaucoup de famille. Ma maman et mon papa sont avec nous, mais le reste de la famille vit dans les îles. J’y retourne uniquement pour les vacances.
Ma maman vient nous voir à toutes nos compétitions. Mon frère aussi essaie de venir lorsqu’il en a la possibilité. L’an dernier, nous étions à Marseille, dans le sud de la France. Il fallait compter 3 heures de train et 7 heures de voiture pour venir me voir courir, et ils sont tout de même venus me voir courir au Championnat de France.
sur les réseaux, tu avais mentionné le fait de rentrer à la réunion pour te ressourcer… ?
Oui, je suis retournée à la Réunion parce que l’an dernier, la saison estivale m’a épuisée. Physiquement et mentalement, je n’avais plus de force. J’ai trop couru durant la période de compétitions.
En fait, mon coach et moi avions pour objectif de faire les championnats d’Europe. Les minima étaient de 53.00, des minima assez durs à atteindre… On s’est dit qu’on allait premièrement se rapprocher des minima, car ça allait être compliqué de les faire en si peu de temps. Je courrais tous les week-ends afin de gagner quelques centièmes… J’ai fait plus ou moins dix 400 mètres en l’espace de deux mois. J’ai terminé la saison avec une performance de 54.80. Avec ce chrono, j’étais loin des minima. Si on regarde le bilan français, la première classée est une athlète qui a fait 54.20, donc elle a été prise pour les championnats d’Europe. J’espérais être prise si un relais était organisé, mais ça n’a pas été le cas.
J’ai tellement couru que je suis arrivée au Championnat de France sans force. Le 400 mètres est une discipline où on a besoin de jus, et à force d’enchaîner les courses, je n’en avais plus pour les nationaux.
la saison passée tu as fait de remarquables performances. notamment ton titre sur 200 et 400m. est-ce que tu t’y attendais au vu de la préparation que tu avais dans les jambes ?
Sur 400 mètres, je m’attendais à mieux. Je voulais faire une meilleure performance, mais avec la préparation et les enchainements de courses, je me suis dit que c’était logique que je sois un peu fatiguée. J’ai tout de même pris la médaille donc ce n’est pas grave. Ça reste un titre.
Sur 200 mètres, je suis arrivée sur la piste avec un esprit d’amusement. Je voulais surtout me faire plaisir. Au final, je passe les séries où je suis la dernière repêchée. Je me suis dit que le lendemain, pour la finale, j’allais m’amuser. En sortant des starting-blocks au couloir 8, je sors du virage en étant troisième. Et là je me bats encore plus, et je passe en deuxième position. J’étais à deux doigts de décrocher la médaille d’or. Franchement, c’était la meilleure course. J’ai pris le bronze, mais dans ma tête c’est moi qui avais gagné la course.
Je pense que sur 400 mètres j’avais trop de pression, donc le lendemain je me suis surtout focalisée sur l’amuser. Le 200 mètres n’était pas ma discipline donc je n’avais rien n’à perdre, et je suis repartie avec une médaille. D’ailleurs, à l’origine, je suis une demi-fondeuse.
tu m’avais dit, “cette année je me donne à fond. À tous les niveaux, y compris la nutrition.” est-ce que tu t’y es tenue ? Qu’est-ce qui a changé comparé à la Laureen d’avant ?
J’essaie de me dire que l’entrainement n’est pas terminé lorsqu’on sort de la piste ou du stade. Tant que je n’ai pas fait ma récupération alimentaire, hydratation, massage… L’entrainement n’est pas fini.
Au niveau de l’alimentation, je n’ai pas changé grand-chose, car j’avais déjà une bonne base alimentaire. J’ai simplement ajouté des choses à ma routine, comme les compléments alimentaires. Mais j’ai toujours mangé autant de fruits, de légumes … Par contre, j’ai réduit le grignotage, ou j’essaie de le remplacer par des collations plus « sportives ».
Mais le plus compliqué, c’est après l’entrainement, lorsque tu es fatigué et que tu dois encore faire ta récupération. Même manger parfois on n’a pas la force.
Mon frère Ludovic a un nutritionniste. Moi je n’en ai pas, mais l’alimentation n’est pas un réel problème pour moi. Mon vrai combat serait plus celui qui concerne le sommeil. Je dors tard. En fait, après l’entrainement, une fois que j’ai pris ma douche, je suis réveillée. Et je commence à vouloir faire beaucoup de choses. Peut-être qu’il faut que je me fatigue plus aux entrainements.
Qu’est-ce qui t’inspire ? Que ce soit dans le sport ou au quotidien ?
J’aime le sport. Mais je pense que la personne qui m’inspire c’est mon frère, Ludovic. C’est une personne que je côtoie tout le temps. Le voir évoluer chaque jour… Je me dis que s’il a pu le faire, je peux le faire. En plus, c’est génétique.
Je regarde aussi beaucoup de reportages sur d’anciens sportifs, et j’essaie d’en retirer une citation dite par chacun d’eux afin de progresser à ma propre personne.
J’apprécie l’athlétisme, mais j’ai du mal à regarder ce sport à la télévision, ou aller en meeting, si je ne connais pas les personnes qui y performent. Je serais plus intéressée par du basketball, par exemple. Je peux regarder la NBA à 3 heures du matin avec énormément de passion. Mais l’athlétisme, c’est une grosse partie de ma vie donc j’ai besoin de voir autre chose.
J’aimerais travailler dans le suivi d’un sportif, mais sans être sur le terrain, comme le métier de nutritionniste ou préparatrice mentale.
Cette année, qu’est-ce que tu vises ?
Cette année, je vais me concentrer sur la saison estivale. Cet hiver, je veux d’abord reprendre les bases et encourager mon frère et mon groupe d’entrainement. Je veux reprendre du plaisir aussi, car sans ça c’est plus compliqué de s’entrainer. Pour cet été, j’espère être prise pour les Jeux méditerranéens. En tout cas, j’aimerais faire une sélection en équipe de France. Mais si je peux rentrer dans le relais A pour le 4x400m au Championnat d’Europe, ce serait avec grand plaisir.
Honnêtement, je ne me donne pas d’objectif en ce qui concerne le chrono, car c’est un paramètre qu’on ne peut pas vraiment gérer. Avec le vent, la pluie… Le seul objectif que je me donne, c’est de gagner chaque course. Donc à part faire les minima, je ne me mets pas trop d’objectifs.
Parfois, on peut faire une superbe course, mais le chronomètre n’est pas au rendez-vous, car le temps n’y était pas non plus.