Les Belgian Cheetahs, « Carole n’est pas qu’une coach pour nous »

JOURNAL DE BORD D'UN ATHLÈTE

Réalisé par Trackandmemes le 1 avril 2022

Photographiées par Bee Trofort-Wilson @bee_alyssatrofort

Vous venez de faire un nouveau record de Belgique en 3:30.58, ainsi qu’une qualification en finale des mondiaux. est-ce que cette finalité confirme ce que vous étiez venues chercher ?

Oui, notre but était de faire le record national. On savait qu’une fois en finale, n’importe quoi pouvait arriver.

Cette fois-ci, ce n’était pas en notre faveur, mais ça fait partie du sport. On a atteint notre objectif principal, donc on ne peut pas vraiment se plaindre.

Avant chaque championnat, toutes les filles se rassemblent et écrivent leurs objectifs. Le record national est ce que toutes les filles visionnaient. Lorsqu’on explicite nos objectifs, on reste réaliste, mais on aime aussi rêver. Pour le futur on reste positive car on réussi toujours à atteindre le but fixé. Ça nous aide au niveau de la motivation et de la croyance.

Arrivées à belgrade, quelle était l’ambiance entre vous filles ?

Arrivées à Belgrade, il y avait tout de suite une chouette ambiance. Le premier jour, on s’est sentie fatiguée, mais on est directement parties sur la piste. On a fait des entrainements ensemble, des passages relais aussi. Tout s’est bien passé. On était très concentrée. Ce qui a aidé c’est le fait qu’il y ait une chouette ambiance et qu’on ne se soit pas mis la pression. Ce championnat était pour nous un bonus. On voulait s’amuser et prendre de l’expérience, car ce n’est pas le plus grand championnat de l’année, il y a encore deux grands championnats qui sont en cours de route. Avoir moins de pression nous a permis de nous relâcher avant la course. Les deux nouvelles athlètes qui ont rejoint les Cheetahs étaient réservistes, on a pu apprendre à mieux se connaitre. L’alchimie avec elles et nous était superbe. Ça montre que faire partie des Cheetahs est une chouette expérience.

Les Tornados (équipe masculine belge 4x400m) remportent l’or quelques minutes avant votre prestation. Est-ce que ça vous a mis la pression, ou au contraire, vous a motivé ?

On était dans la chambre d’appel quand les Tornados ont gagné. Les Anglaises étaient devant nous en train de regarder la télévision, et on les voyait supporter les Anglais qui étaient également en train de courir lors de la finale du 4x400m hommes. Nous, entre filles, on regardait tranquillement la course, et lorsqu’on a vu Kevin on a explosé de joie, tout en conservant notre énergie. Ça nous a énormément motivées. On s’est dit que les garçons ont eu l’or, l’objectif pour lequel ils se sont entraînés durant de nombreuses années, et maintenant, à notre tour, on va représenter la Belgique du mieux possible.

Même si leur victoire nous rendait heureuses, on devait aussi se focaliser sur notre propre course. Donc on s’est directement calmé pour se reconcentrer.

Finalement, on n’a pas su utiliser entièrement cette motivation, car on était dernière dès le début de la course. Mais malgré tout, on était très heureuses pour les garçons, même après notre course.

La course s’est-elle passée comme vous l’aviez prévu ?

Honnêtement, non. On pensait avoir beaucoup plus d’énergie, mais dès le début, on n’était pas dedans. Ça nous a surpris de n’avoir pas su accrocher le groupe principal, surtout en voyant l’écart s’agrandir. C’est démotivant d’être si loin derrière, et ça affecte la prochaine relayeuse qui doit continuer. Mais le sport est comme ça, on doit juste l’accepter et conserver les parties positives.

Après la course, on a discuté avec les filles, mais il n’y avait pas d’explication concernant la raison d’avoir fait un chrono plus lent que celui effectué en série. On croyait qu’on allait y retourner pour chercher plus. Parfois, il y a des choses qu’on ne contrôle pas, mais on doit juste l’accepter. On était surprise, car on voulait mieux, en termes de chrono.

Que retiendrez-vous de cette belle aventure ?

Le record national, la place en finale, et le moment où on a su qu’on allait en finale. Ce moment-là était une explosion de joie, et de soulagement aussi. On savait que c’était possible, mais en relais, n’importe quoi peut se passer. Il y a toujours des aspects qui ne sont pas sous contrôle. On a atteint notre but, et on s’est vraiment amusé. C’était le premier championnat indoor fait par les Cheetahs depuis Glasgow. 

Une anecdote sur ces mondiaux ?

La température dans notre chambre était de 26/27 degrés. Elle était beaucoup trop haute et on souffrait un peu les premiers jours.

Une autre anecdote, pour moi Naomi, c’est que c’était la première fois lors d’une course relais que je risquais de perdre le témoin. Lieke Klaver s’est presque mise au couloir 2, et j’hésitais entre me mettre au couloir intérieur ou extérieur. J’avais peur de me faire pousser hors de la piste si je me mettais au couloir intérieur. Je n’avais pas le choix, j’ai changé pour aller à droite et faire le tour. C’était ma première bousculade. Mais on a appris de cette expérience, appris sur comment réagir lorsqu’il y a un incident comme ça qui se produit.

Une dernière anecdote, c’est qu’après les championnats, il y a toujours des fêtes où les gens se relâchent. C’est un peu bizarre de voir des Recordman ou Gold Medalist qui se relâchent à fond. On pense toujours que les athlètes de haut niveau doivent être extrêmement sérieux, doivent dormir … On se fait des idées sur les athlètes atteignant un certain niveau, mais sans donner de détails, je n’ai jamais vu un si grand contraste entre ce qu’on pense et ce qu’il se passe en réalité, lorsque les championnats sont finis.

Qu’est-ce que vous diriez à la nouvelle jeunesse qui espère prendre le relais, votre relais, sur le 4×400 féminin belge lors de grande compétition comme celle-ci ?

Tout est possible. Il ne faut pas se mettre de limites. Il suffit d’une seule course. Il ne faut jamais lâcher. Si tu choisis la discipline du 400 mètres, il faut le faire pour de bonnes raisons, car tu aimes l’épreuve. Il faut travailler dur, car ça ne va pas arriver facilement, mais ça le vaut. Ça en vaut la peine d’atteindre de grands championnats et de faire partie de l’histoire belge.

Qu’est-ce que vous aimeriez dire à votre coach, aujourd’hui, après cette prestation ?

Merci. Merci pour tout le soutien. Carole n’est pas qu’une coach pour nous. Quand on est aux entrainements, ou en stage, c’est comme une mère. Elle est une psychologue, une thérapeute, une entraineuse. Elle a beaucoup de rôles dans des situations qui peuvent être difficiles. Elle est la personne à qui on peut tout dire. Toutes les Cheetahs ont cette connexion avec elle. On se sent à l’aise. Donc on lui dirait merci, et qu’on continuera à faire de notre mieux. Pour rapporter cette médaille, pas que pour nous même, mais aussi pour elle.

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