Réalisé par Trackandmemes, le 29 février 2024
L’athlétisme est un sport où passion, plaisir et apprentissage sont d’excellents piliers lorsqu’on débute. Certains trouvons plaisir et motivation dans le dépassement de soi que procure ce sport, même si ça reste dans la sphère du sport amateur. D’autres auront pour objectif d’atteindre le niveau professionnel, voire une médaille d’or olympique. Quel que soit le niveau de l’athlète ainsi que les objectifs fixés, le bien-être et la santé mentale ne sont pas à négliger. Ils peuvent être un atout dans la réalisation de soi et l’accomplissement des objectifs.
En lisant quelques témoignages d’athlètes sur leur expérience actuelle dans le milieu athlétique, l’athlète professionnelle et psychologue, Maroussia Paré, a eu à coeur d’écrire une petite lettre à l’attention des athlètes.
Au niveau de son parcours sportif, Maroussia a eu l’occasion de performer au haut niveau, notamment en participant à plusieurs reprises aux championnats d’Europe et du Monde, que ce soit en individuel sur 200m ou en relais sur 4x100m.
Cher.ère athlète,
Ton talent, ta passion et ton travail t’ont amené.e à choisir un sport merveilleux.
Je voulais commencer mon message avec ce rappel : tu demeures la même personne
que tu sois sur les bancs de l’école, sur le stade, avec tes potes ou au sein de ta famille.
Tu es la même personne, en tout temps et en tout lieu.
C’est pourquoi je te dirais toujours qu’avant de rechercher la performance, recherche ton
épanouissement. Fais de toi une priorité. Prendre soin de toi devrait être ta principale
obligation, car cela prime (et influence) sur tout le reste.
Aussi il me tenait à coeur de te rappeler que l’athlétisme, même si c’est un sport individuel,
ne t’oblige pas à devenir solitaire. Oui, tu es seul.e derrière les blocs, en bout de piste ou
sur l’air de lancer. Mais en dehors, il est essentiel de t’entourer d’un écosystème favorable
à ton épanouissement. Cela inclut une relation de confiance avec ton entraîneur, où vous
travaillez ensemble à la réalisation de tes objectifs sportifs, une dynamique positive et
motivante au sein du groupe d’entraînement, ainsi qu’un véritable soutien social.
Quel que soit ton niveau, la pratique de ce sport te confronte à des situations intenses,
tant sur le plan des émotions positives que des émotions plus difficiles à vivre. Ainsi, que
ce soit à l’entraînement ou en compétition, tu ressentiras les symptômes du stress : les
jambes lourdes, les tremblements, une impatience mêlée à de la peur, le cœur qui bat la
chamade.
Puisque tu y es souvent confronté.e, ta relation avec ton stress doit être bonne. Le stress
est ton mécanisme d’alarme. Semblable aux alarmes installées dans nos maisons, conçu
pour nous protéger physiquement et mentalement, ton stress est avant tout bénéfique et
plus que nécessaire. En effet, il te protège mais crée “le petit truc en plus” qui te permettra
d’atteindre l’étape d’après. En revanche, tu dois veiller à ce que ton stress ne provoque
pas de détresse, qu’il ne te mette pas en difficulté. Mais comment faire ?
Ta perception de la situation influence grandement ton niveau de stress : plus tu
interprètes une situation comme difficile, douloureuse ou contraignante, plus ton niveau de
stress sera élevé, en proportion du danger perçu. Plus tu te projettes de façon négative
sur ton épreuve, plus le stress sera intense. Et tu l’as peut-être déjà expérimenté : comme
le stress est très énergivore, il peut entraîner une perte d’énergie importante.
Pour aller plus loin, je te propose de réfléchir grâce à ces quelques questions :
Dans une situation sportive donnée (compétition, entraînement spécifique …), qu’est-ce
qui te stresse ? Peut-être réaliseras-tu que certaines réponses ne sont pas directement
liées à des éléments que tu contrôles : le jugement des autres, une sélection, la peur de
décevoir, l’obsession de la victoire à tout prix…
Dans un second temps, analyse tes pensées. Certaines peuvent te bloquer ou te freiner,
t’empêchant de mettre en avant tes qualités et le travail que tu as réalisé. Identifie
notamment si tu as tendance à utiliser des expressions comme « Je dois absolument… », « Il
faut que… ». Il y a aussi les conclusions hâtives du type : « Je n’ai pas pu suivre ma
routine d’échauffement habituel, je suis sûr que ma course sera mauvaise. » Enfin,
remarque si tu as recours au raisonnement émotionnel qui consiste à dire : « Je suis
stressé, donc je vais échouer. »
Lorsque ces pensées négatives surviennent, remplace-les par des pensées concrètes et
adaptées, axées sur une action. Par exemple, au lieu de penser « Je dois absolument faire
un chrono sur cette course », pense plutôt à une stratégie de course précise que tu as
travaillée à l’entraînement.
Pour aller au bout de ce travail de réflexion, il faut qu’il se poursuive par des actions.
Lorsque tu ressens un stress excessif, cela peut être dû à une projection trop lointaine : le
lactique, la présence des concurrents…
Comme je te disais, le stress comme les émotions, sont nos alarmes qui nous indiquent
sur nos besoins. Accueille-les et écoute-les. Peut-être dans cette compétition où ton stress
était élevé, tu avais besoin d’être rassuré par ton entraîneur. Peut-être que dans cet
entraînement technique difficile, tu avais besoin de plus d’informations pour parvenir à
réaliser le bon geste.
Prends les choses une par une, une foulée après l’autre. Quelle est la première étape à
franchir, la première action à réaliser ?
Cher.ère athlète, je voulais terminer mon message sur cet aspect qu’on a trop tendance à
négliger : ce sport magnifique te permet de développer des compétences extraordinaires
que tu peux mettre en pratique en dehors de la piste. Tu as des qualités qui ne s’arrêtent
pas aux portes du stade. Je t’encourage vraiment à trouver d’autres sphères
d’épanouissement au service de tes qualités naturelles. Rappelle-toi que certes, tu es une
personne qui pratique l’athlétisme, mais que l’athlétisme et plus précisément tes
performances, ne définissent pas qui tu es en tant qu’individu.
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