Pour Lucie Jean-Charles, l’état d’esprit a fait la différence

JOURNAL DE BORD D'UN ATHLÈTE

Réalisé par Trackandmemes, le 5 mai 2023

Quand je cours je me sens bien, je vole en fait. C’est satisfaisant. C’est comme si j’avais trouvé le meilleur moyen pour exprimer ce que je sais faire de mieux. C’est difficile d’expliquer exactement ce que je ressens lorsque je sprinte, mais quand je suis en pleine forme, que je fais peu d’erreurs et que j’ai de bonnes sensations, je me sens incroyablement bien.

Lucie Jean-Charles, photographiée par Julie Fuster

J’ai 25 ans et je vis à Marseille. Je m’entraîne avec Jean-Louis Rigaut. Au niveau de ma relation avec mon coach, nous avons une relation de confiance et de respect mutuel. Il croit en moi et sait comment me pousser à me surpasser. Il me soutient dans les moments difficiles.

Sur le plan performance, je suis déterminée à donner le meilleur de moi-même et à progresser, en gardant en tête mes ambitions et en travaillant dur pour les atteindre.

Enfin bref, je m’appelle Lucie Jean-Charles, je fais du sprint, et cette saison, sans vouloir trop m’avancer, j’ai pour objectif de battre mes records personnels et de réaliser de bien meilleurs résultats aux championnats de France Open et aux France Élites par rapport à l’année dernière.

Comment est-ce que l’athlétisme, mère de nous tous, t’a donné naissance ?

Moi, je voulais juste courir vite.

J’ai fait de l’athlétisme pour la première fois à l’âge de 12 ans. C’est mon professeur d’EPS qui a beaucoup insisté car je courais vite. C’était cool, mais je n’aimais pas. En catégorie benjamine, je touchais un peu à tout mais il y avait des disciplines que je n’aimais pas forcément, comme le cross. 😂

J’ai arrêté après une année de pratique. J’ai fait de la danse et finalement, j’ai repris l’athlétisme quand j’avais 15 ans. Le déclic a été les Jeux olympiques de 2012. Voir ces athlètes se dépasser, se donner à fond et gagner, ça m’a donné envie de faire de même. Moi aussi, j’avais envie de vivre ces beaux moments.

Lucie Jean-Charles

J’étais en cadette 2 lorsque j’ai repris. C’était parfait parce que j’avais l’âge de choisir ma discipline. J’ai donc choisi le sprint.

Il n’a pas fallu longtemps avant que je sois performante. Mes chronos descendaient à chaque compétition. J’étais qualifiée aux championnats de France avec l’équipe de relais, ensuite, quelques années après, j’ai fait mes premières sélections de France en individuel.

J’aimais beaucoup ce que je faisais mais j’étais loin d’imaginer tout le travail qu’il y avait derrière pour courir plus vite… Je n’étais pas assez déterminée, et sérieuse. Je faisais de l’athlétisme comme loisir. À l’époque, je m’entraînais deux fois par semaine et quand j’étais paresseuse, ou qu’il pleuvait (lol), je ne venais pas aux entraînements.

J’ai fini par faire une pause d’un an pour mes études, et c’est là que je me suis rendu compte que ce sport me manquait énormément.

Quand je suis revenue, je voyais les choses autrement, différemment. J’avais un autre état d’esprit, j’étais plus sérieuse. Je commençais à me fixer de vrais objectifs, et j’avais ce désir de réaliser mes rêves et de rendre fiers mes proches.

Ce nouvel état d’esprit a-t-il été bénéfique en terme mis de performance ?

Oui, ça m’a permis de me surpasser. J’ai descendu mes chronos, remporter une médaille nationale en espoir en salle en terminant troisième, faire des meetings internationaux…

Actuellement, mes records personnels sont de 11’’ 73 sur 100m, 24’’46 sur 200m et 7’’ 47 sur 60m.

Si tu pouvais changer une chose dans le milieu de l’athlétisme, ce serait quoi ?

Si je pouvais effectuer un changement, j’aurais aimé pouvoir rendre les compétitions et les athlètes plus visibles. Pas seulement pendant les gros événements comme les JO ou les championnats du monde.

Les athlètes sont souvent sous le feu des projecteurs, mais seulement pendant ces grands moments. C’est alors difficile pour les gens de les suivre et de les soutenir tout le temps.

Ce serait bien de mettre en avant les compétitions locales et nationales. On pourrait attirer plus de monde vers l’athlétisme, et encourager plus de gens à s’y mettre. Ça pourrait aider à dénicher de nouveaux talents, à soutenir le développement de l’athlétisme, et cela à tous les niveaux. Ça permettrait également de mieux reconnaître le travail acharné, le dévouement et les sacrifices que les athlètes font pour atteindre leur niveau de performance.

Une chose qui te garde motivée ?

Une de mes plus grandes motivations : Jésus ! Il a donné un sens à ma vie. Si je peux faire tout ce que je fais, c’est grâce à lui. Ces rêves qu’il a déposés dans mon cœur, je veux les accomplir pour sa gloire. Et quelqu’un a dit :

 » Dieu a déposé un rêve en nous et un seul cri d’alarme doit résonner dans notre esprit : persévère ! »

Ça me rappelle que je dois me battre pour rendre toute chose possible, et je suis reconnaissante d’avoir un Dieu et des proches qui me soutiennent à fond.

Pour ce qui est de mes autres passions, j’aime beaucoup apprendre sur les cheveux texturés. Je suis intéressée par leur fonctionnement et les meilleures façons de les entretenir. Ça me rend heureuse de pouvoir partager avec mon entourage ce que j’apprends sur le sujet.

En tant que femme noire, il n’a pas toujours été facile d’accepter nos cheveux texturés, souvent dénigrés. Mais bon. Aujourd’hui, il faut avouer qu’il y a une très belle évolution, avec de plus en plus de femmes noires qui assument leurs cheveux et en prennent soin, et ça, ça fait tellement plaisir à voir !

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