Réalisé par Trackandmemes, le 7 mai 2021
Je suis actuellement coach de saut en longueur et triple saut pour l’équipe nationale Suisse. J’ai commencé l’athlétisme en 1996. À l’époque je faisais du foot et puis, le schéma classique ; je me suis blessé et mon frère m’a proposé de faire un autre sport. J’hésitais entre le handball et l’athlétisme puis j’ai choisi l’athlétisme. Maintenant j’entraine. À un moment donné je me suis dit, t’as quand même 33 ans donc j’ai rangé mes baskets pour porter la casquette de coach.
Avant athlète, et maintenant coach. C’était une évidence pour toi d’acquérir cette nouvelle casquette ?
Pour les autres oui, mais pas spécialement pour moi. La révélation s’est plutôt faite d’un point de vue extérieur. Un ami cher, Pierre Arnould, m’avait proposé de coacher des jeunes et j’ai accepté. Mon ancien coach me regardait et me disait toujours que je deviendrais un bon coach parce que j’avais une bonne pédagogie. C’est cool de voir qu’au final, ce que mon entourage voyait en moi s’est bel et bien réalisé. Aujourd’hui j’aime trop ce que je fais. De fil en aiguille j’ai atteint le niveau de coach national et je remercie mes athlètes de me donner l’opportunité de les entrainer, mais aussi mon ex-femme qui a dû me supporter durant tout ce temps.
Le coronavirus a entrainé la suppression des compétitions. Les entrainements d’hiver se sont annoncés difficiles, voire impossible pour certains. Comment as-tu géré ça en tant que coach?
La communication. Et ça vaut autant dans ce sport que dans tous les domaines de la vie. On a pu communiquer entre coachs, trouver des solutions afin que nos athlètes continuent de progresser. Sans cela, il est difficile de trouver l’équilibre entre l’athlètes et son environnement.
On sait également que l’athlétisme est un sport très mental. Avec le Corona, as-tu mis en place une technique pour ne pas que tes athlètes baissent les bras ? Ou ta manière habituelle de travailler était suffisante ? Je pense notamment à mon coach qui m’a remis sur 100m/200m au lieu de 400m à partir de janvier, afin de préserver ma santé mentale étant donné que je m’entrainais seul depuis septembre déjà.
Je n’ai rien changé. En fait, je fais souvent des feedbacks avec mes athlètes, ce qui me permet de savoir comment est-ce qu’ils se sentent. À force, les athlètes se confient naturellement à moi et donc encore une fois, c’est la communication la clé. Mais c’est clair que le suivi mental chez les athlètes est super important. En Suisse, il y a eu deux vagues de confinement donc le système a été un peu différent. La première vague a eu un impact plus important car les sites ont été fermés. Depuis juin dernier, les entrainements sont redevenus normaux avec quelques subtilités. Mais honnêtement mes athlètes l’ont bien vécu. Ils continuent de s’entraîner et remarquent eux-même leur propre évolution, ce qui les motivent. Ce qui est plus compliqué c’est le fait que certains peuvent faire des compétitions tandis que d’autres non… Donc il faut gérer ça. Et d’ailleurs cette saison les compétitions n’étaient même pas au centre de nos conversations lors des entrainements. Pour dire à quel point on prenait plaisir à l’entraînement.
D’ailleurs, il est vrai que le rôle de coach est très influant dans la vie d’un athlète. Un athlète discipliné reflète son coach en réalité. Question un peu tabou… Est-ce que selon toi, lorsqu’on athlète est confirmé dopé, se focaliser sur la décision de l’athlète est suffisant, ou en réalité devrions-nous remonter à la source ? C’est à dire… le coach ?
Le responsable principal sera toujours l’athlète puisque c’est celui qui prend la décision de se doper. Maintenant il est vrai que la faute ne repose pas sur lui à cent pour cent s’il a été influencé mais l’athlète reste le principal fautif. J’ai d’ailleurs un ami qui me racontait l’autre jour qu’un de ses athlètes a été testé positif au dopage. Il me l’a annoncé si naturellement, avec un certain recule parce qu’effectivement, en tant que coach, on n’est pas entièrement responsable des décisions que peuvent prendre nos athlètes. C’est comme un enfant. Il va faire des bêtises que tu ne peux pas toujours voir ou contrôler, malgré le fait que tu sois son parent. Ou en l’occurence ici, son coach.
Tu m’as dit que tu allais partir en stage. Comment cela s’est-il passé ?
On est toujours en stage en Turquie là. En décembre, on a tout prévu, tout organisé comme ça il ne restait plus qu’à avoir l’autorisation pour partir et dès qu’on l’a obtenue, on a fait nos bagages. Ici en Turquie tout se passe très bien. Je suis entouré d’athlètes médaillés, de sportifs avec un grand palmarès. Il y a le relais néerlandais, les Borlées, Patricia Mamona, Nafissatou Thiam, Mutaz Barshim…Bref que du lourd !
Quelles sont tes objectifs au niveau performance pour tes athlètes, cette saison outdoor?
J’ai un athlète qui évolue bien et on vise haut. On vise le top 8 mondial en saut en hauteur pour les Jeux Olympiques, si pas mieux… Sinon, de manière générale, avec mes athlètes on se concentre pour les championnats nationaux. Les meetings suffiront à valider leur progression déjà ressentie. Vivement l’été, enfin !!!