Réalisé par Trackandmemes, le 13 juin 2023
Timothée Simaga, hurdler français, vient de briser ses deux records en courant le 400 mètres haies en 52’’ 37, et le 400m plat en 49’’ 42. Dans cet article, il se confie sur la manière dont il est parvenu à atteindre ses objectifs, les différentes difficultés rencontrées, et plus encore…
Tu as effectué deux courses en un week-end, ce qui t’a permis de battre deux records anciens de 5 ans. Quel a été ton mindset durant ces deux journées ? Y a-t-il eu un déclic ?
J’ai fait le 400m haies le samedi, et le lendemain le 400m plat.
Au niveau du mindset, disons qu’avant, moi et mes coachs calculions beaucoup. On réfléchissait sur comment faire une bonne course et quelle stratégie élaborer.
Moi, je me préparais mentalement en fonction des compétitions que je devais effectuer durant toute l’année de sorte à être prêt le jour J.
Mais ce week-end, pour le 400m haies, j’ai débranché toute ma tête en me disant que le travail était fait ! Que j’avais confiance en mon corps et qu’il fallait que je parte vraiment très fort pendant la course. Je ne me suis pas posé de questions sur comment allait se passer la course. J’y suis allée aux sensations.
Ça faisait 5 ans que je n’avais plus fait de 400m. Et le jour qui a suivi, je me suis aligné sur cette distance en me disant que je serais dans une très bonne série, et avec des athlètes qui réaliseront probablement une performance en 47 secondes. J’étais comme un outsider. Je voulais juste les suivre, et si possible, en dépasser certains.
Donc j’ai vraiment débranché ma tête pendant deux jours, en me disant « Vas-y, tu es entraîné ».
Comment as-tu fait pour rester motivé pendant 5 ans, sans jamais progresser au niveau du chrono ?
Je suis reparti des championnats de France espoirs avec une médaille en 2018. Ensuite, j’ai enchaîné les blessures, puis il y a eu le Covid-19…
En termes de performance, il y a eu des moments où je me rapprochais de mon record personnel. Et lorsque tu te rapproches de ton temps chaque année, tu continues d’espérer. Même si ça ne paye pas encore, tu as envie d’y croire encore.
Mais cette année, je me suis dit que je devais battre mon record car ce serait un accomplissement pour moi, une manière d’avancer dans ma tête.
Dans chaque chose que je faisais, je me disais que les compétitions n’étaient pas encore au programme, mais qu’il fallait que je garde ma motivation. Car une fois que ce sera l’heure de performer en compétition, je serais vraiment content. C’est comme ça que je me suis préparé mentalement.
L’année dernière, il y a un athlète de mon groupe pour qui le travail a payé. Il fait aussi du 400m. Et en voyant cela, je me suis dit que si ça a payé pour lui, alors pourquoi ça ne payerait pas pour moi ?
En plus, le 400m haies n’est pas une discipline facile ! Pourquoi l’avoir commencé à l’origine ?
Ça fait 10 ans que je fais de l’athlétisme. J’ai actuellement 26 ans.
J’ai commencé par le 400m plat, mais je n’étais pas très bon pour aller au championnat de France, donc mon coach m’a proposé d’essayer les haies. J’ai commencé à regarder des tutos YouTube pour apprendre à passer les haies. Et dès le début, on a remarqué une aisance au niveau du passage.
On peut commencer les haies tard et bien progresser. Il n’y a jamais d’âge pour commencer.
Si on retourne en arrière, quelques mois ou encore, quelques années auparavant, qui était Timothée Simaga et qu’a-t-il rencontré comme difficultés?
Si on remonte quelques années en arrière, au niveau professionnel je ne savais pas ce que je voulais faire. Et mentalement, je devais rehausser tous les curseurs pour sortir de ma tombe. Autant au niveau familial que personnel.
Ce qui a été vraiment compliqué, c’était les blessures, comme tous sportifs. Ensuite il y a eu le Covid. Et puis le décès de ma mère… Peu importe l’âge, perdre un parent est une épreuve compliquée. Cet événement était l’élément qui a failli mettre fin à ma carrière.
Mais je suis quelqu’un de très croyant donc j’ai beaucoup prié. J’ai demandé à Dieu qu’il m’aide mentalement, et dans mon âme, pour pouvoir m’en sortir.
Tous les athlètes n’ont pas la même histoire. Mais toi, tu as foulé un chemin parsemé d’embûches. Comment ta dévotion pour ce sport est-elle en train de te changer ?
Je réalise que par rapport à d’autres athlètes, je n’ai pas la même histoire. J’ai eu effectivement des embûches, mais je me suis accroché et aujourd’hui je prouve que ça paye. Ça augmente ma motivation et mon envie d’être encore plus performant dans ce sport. C’est bien plus qu’une envie, c’est une foi implacable.
Quels sont tes objectifs pour le reste de la saison ?
Je vais courir la semaine prochaine sur 400m haies où j’aimerais aller chercher les 51 secondes. Je ne vais pas me poser de question lors de cette compétition. Je vais y aller fort car j’ai fait les séances pour pouvoir partir vite. Et ensuite, j’aimerais aller chercher plus bas, comme les 50 secondes sur 400m haies.
Et sur le long terme ?
J’aimerais me rapprocher des World Standard sur 400m haies. Donc entrer dans la cour des grands. Être capable de courir en 49 secondes, voire moins.
Un dernier mot ?
Premièrement, il y a un verset que je me dis souvent et qui m’a aidé. C’est Hébreux 10:36. Je me suis répété ce verset avant les compétitions.
Enfin, ma mère est enterrée juste à côté de l’endroit où j’habite. Pour augmenter ma motivation, je me suis promis que je n’irais pas au cimetière voir sa tombe tant que je ne battrais pas mon record.
Et honnêtement, ça a été une grande détermination pour moi ! Parce que je devais le faire, et je l’ai fait.
Il ne faut pas lâcher. Il y a toujours de la lumière au bout du tunnel.