Voici ce qu’il y a à savoir avant de lier sport et études aux Etats-Unis

JOURNAL DE BORD D'UN ATHLÈTE

Réalisé par Trackandmemes, le 26 mai 2022

Je m’appelle Maïa. Je viens d’avoir 23 ans et je suis une athlète du club de Noisy-le-Grand dans le 93, en France. Je fais des épreuves combinées, du 400m haies et du saut en hauteur. J’ai commencé l’athlétisme à 11 ans. Je savais depuis longtemps que je voulais aller aux États-Unis pour étudier et pratiquer l’athlétisme, car ma mère a été en Arizona une année, et ses histoires concernant l’expérience américaine m’ont toujours fascinée. J’ai mis un peu de temps à me décider parce que je savais que si je partais aux États-Unis, j’allais vouloir y rester. J’attendais d’être prête. Au final, avec le COVID, j’ai décidé d’entamer la procédure. J’ai choisi le Texas, pour le coach avec qui j’ai discuté. Je l’ai apprécié tout de suite. Il s’appelle Rock Light (très américain 😂).

Quelles seraient les trois raisons majeures pour lesquelles autant de français souhaitent aller étudier aux USA ?

Je dirais que la raison principale est la performance. On sait déjà, grâce aux résultats sportifs des Américains ou même aux films, que les États-Unis mettent l’accent sur le sport et la performance. Les résultats sont bons et ça donne envie de voir quelle est leur méthode d’entraînement. Pour moi la majeur raison c’était le fait de pouvoir étudier et m’entraîner sans aucune contrainte. Aux États-Unis, les études vont AVEC le sport et pas contre celui-ci. En France, j’ai entendu tous mes professeurs me dire que j’allais rater mes examens à cause de l’athlétisme. Ici, quand on a un examen en même temps qu’une compétition, les professeurs sont prévenus et c’est la compétition qui passe avant tout. Ensuite, on se rattrape par la suite. C’est tellement plus pratique et moins stressant. 

Une dernière raison ? Je dirais que c’est pour l’expérience, le voyage, « le rêve américain ». Ça donne envie quand on regarde les films sur les universités américaines. Beaucoup de jeunes veulent voyager et voir les USA de leurs propres yeux. Et honnêtement, c’est vraiment comme dans les films.

Quelles sont les conditions pour être accepté dans une université américaine ?

Alors tout dépend de l’université et de ton niveau sportif et scolaire. Il y a évidemment une différence en termes de critères, en fonction de si l’athlète essaie d’entrer à UCLA (Université de Californie à Los Angeles) ou bien dans une université de commune (Community College), par exemple. L’admission d’un excellent athlète avec des performances très intéressantes est plus facile. Mais les universités vont tout de même prendre en compte les résultats scolaires. Il faut une moyenne minimum pour être accepté. Un athlète « normal » va devoir évaluer avec les coachs si celui-ci est intéressant à leurs yeux, et ensuite avec l’université pour la partie scolaire.

Et évidemment, ceux qui ont des bourses sont plus facilement admis.

Une fois accepté, il n’y a pas mal de paperasse à faire. Il faut passer des tests comme le TOEFL. J’ai aussi dû passer le TSI qui est un test spécifique pour l’état du Texas. Ça a déterminé où j’en étais en anglais et en mathématique pour un niveau universitaire.

Aussi, il y a la question de l’éligibilité. Le conseil que je peux donner aux athlètes qui veulent partir, c’est de le faire le plus vite possible. Plus jeune tu es, et plus d’éligibilité tu as. En d’autres termes, aux États-Unis, le sport « universitaire » est vu comme étant plus important que le sport « de club » que nous, belge ou français, avons l’habitude de pratiquer.

Chaque sportif a un certain nombre d’années d’éligibilité. Généralement, à 25 ans, tu ne peux plus faire de compétition en étant rattaché à une université. Mais ça dépend des gens et ça dépend de ta participation saisonnière aux compétitions. Par exemple, moi, il me reste un été et deux hivers d’éligibilité, parce qu’à cause du Covid, je n’ai pas fait de compétition l’hiver de l’année 2020. Donc cette saison a été rajoutée à mon éligibilité.

Eest-ce qu’on peut lier sport et études, peu importe les études qu’on souhaite faire, comme sage-femme par exemple ?

Oui, c’est ce qui est génial ici. Il faut bien sûr pouvoir accorder l’emploi du temps scolaire avec les entraînements. Mais étant donné qu’il y a beaucoup moins d’heures de cours qu’en France, c’est assez simple. On s’entraîne généralement tous les jours, et deux fois lorsqu’on a de la musculation en plus au programme. Donc quatre fois par semaine, on s’entraine deux fois. Ça fait tout de même 3 à 3h30 d’entraînement par jour, mais j’ai quand même une bonne partie de la journée de libre. On a souvent un ou deux cours par jour.

Ma colocataire fait des études pour devenir infirmière, donc elle peut également lier sport et études.

Quelles sont les performances qu’il faut faire pour être accepté ?

Une fois de plus, tout dépend du niveau de l’école. Il y a trois différents « niveaux » aux États-Unis, appelés divisions. Division I (D1), division II (D2) et division III (D3). Une école D1 va généralement avoir les athlètes ayant les meilleurs performances. Le niveau de division ne dépend pas uniquement des sports, mais aussi de l’université en elle-même. Mon université est en division II et passera division I l’année prochaine.

Avec 1,72m en hauteur, et 61″04 au 400m haies, j’ai été admise en division II facilement, mais pour certaines écoles D1, c’était trop juste. J’avais fait une demande dans l’université d’Arizona où ma mère est allée et il m’aurait fallu faire autour de 1,75m/1,80m en hauteur pour avoir la bourse complète. Le truc c’est que tu peux être accepté un peu partout avec n’importe quelle performance, mais si tu veux que tout soit payé, c’est à dire recevoir une bourse complète, il faut que tes performances intéressent les coachs et les universités. Les écoles de division III ne donnent pas de bourse. 

La bourse complète comprend le logement, la nourriture, les déplacements sportifs, l’équipement et les cours et livres qui sont payés par l’université. Avec une moins bonne performance tu peux avoir à payer ta nourriture par exemple, et/ou le logement. Mais chaque université et division varie en critère et ce n’est pas toujours parce qu’une école refuse à un athlète la bourse complète qu’aucune autre université la lui donnera. 

De par ton expérience sportive française et maintenant américaine, quelle différence souhaiterais-tu mettre en évidence ?

L’athlétisme aux États-Unis est complètement différent. C’est un sport d’équipe. En France, quand un athlète fait sa compétition, c’est pour lui et son club, mais en dehors des interclubs, l’athlète ne rapporte pas de points à son club lors d’une compétition. Ici, chaque compétition est une compétition d’équipe. L’équipe des hommes et l’équipe des femmes. La première place rapporte 10 points, 8 points pour les deuxièmes, 6 pour les troisièmes et 5, 4, 3, 2, et 1 pour les cinq suivantes. Les athlètes qui rapportent le plus de points font monter leur équipe dans le classement. Cette différence, elle change tout. Les coachs vont placer les athlètes sur autant d’épreuves où ils peuvent marquer des points. En tant que combinarde par exemple, j’ai été engagée pour une compéition sur l’heptathlon, le 400m haies série et finale ainsi que la hauteur.

Une anecdote sur ton séjour ?

J’en ai énormément ! Déjà, j’ai fait la rencontre de personnes formidables, tout le monde est super accueillant.

Aux États-Unis, il y a des tempêtes assez souvent et plus fortes qu’en France, surtout dans le sud comme le Texas. Cet hiver, il y a eu un orage assez violent, il était minuit. J’étais dans la bibliothèque et la pluie s’est infiltrée par les fenêtres. Il y avait des fuites un peu partout, mais personne à part moi n’avait l’air choqué. En sortant du bâtiment, j’ai entendu un miaulement venant des buissons, celui d’un chaton. Ce soir là avec mon ami, on a sauvé un tout petit chat qui devait avoir deux semaines. On l’a ramené à la maison et on a été lui chercher de la nourriture pour chaton à la pharmacie ainsi que des couvertures. On l’a appelé Jam (c’est une expression pour la tempête en anglais). Une fois que Jam a été remis sur pieds, au bout de trois jours, je l’ai amené à un refuge animalier où il a été adopté dans la seconde. J’aurais adoré le garder mais malheureusement les animaux ne sont pas acceptés dans les appartements du campus sauf si c’est un animal d’assistance.

Sinon, je suis aussi devenue la pâtissière de Commerce 😂.  Pour chaque anniversaire de mes amis, je leur ai fait leur gâteau préféré et j’ai appris beaucoup de recettes de desserts, comme la tarte à la citrouille, à la patate douce, le cheesecake New Yorkais… J’ai eu une commande de gâteaux il n’y a pas longtemps, c’était assez cool !

Si tu devais donner un conseil à un français avant son départ, qu’est-ce que ce serait ?

De ne pas se mettre trop de pression. Il faut garder en tête que c’est un changement assez important donc il va falloir s’habituer. Nouvel environnement, nouvelle langue, nouveaux coachs et entraînements… Certains y arrivent plus vite que d’autre, mais chacun son rythme. Si ça ne marche pas la première année, il faut peut-être juste assimiler et la deuxième sera bien meilleure.

Ah et pas de panique sur ton niveau d’anglais ! Quoi qu’il arrive ça viendra avec l’immersion. Je suis très à l’aise avec l’anglais, mais j’ai quand même progressé énormément parce qu’on est en immersion totale et qu’on apprend les expressions, le « slang » américain,… Et pour ceux qui ont du mal, vous serez tout de même compris, avec le temps votre anglais va se développer tout seul.

Ah et aussi… N’hésitez pas à partir dès que vous le pouvez, par rapport à l’éligibilité dont je parle plus haut.

Cette saison outdoor, tu vises quoi, professionnellement et/ou sportivement parlant ?

Je suis venue ici sans me mettre de pression parce que je savais à l’avance que j’allais d’abord devoir digérer les entraînements à l’américaine. Ça a été assez éprouvant et les performances cet hiver ne m’ont pas vraiment plu, mais j’ai quand même marqué des points pour l’équipe et eu un titre en conférence, donc je retiens le positif. Mais mon objectif de cette année était de m’habituer à cette nouvelle vie. L’année prochaine, je veux battre mes records au 400m haies et en hauteur ahah.

Je ne cherche pas à être une athlète professionnelle. Les études que je fais ici (kinésiologue et communication visuelle) sont les domaines professionnels que je veux poursuivre. J’enrichis mon expérience sportive et je m’éclate, mais ça n’est pas le « métier » que je veux faire.

Pour être totalement honnête, je cherche encore. Les expériences que je me crée ici sont un moyen pour moi de découvrir ce qui me plaît le plus. Je pense rester vivre aux États-Unis par ailleurs, mais j’en parlerais plus tard 😉

fr_FRFrench