Réalisé par Trackandmemes, le 24 septembre 2024
Fafa, c’est l’énergie flamboyante des Jeux olympiques et paralympiques de 2024. En quelques mots, Fafa est porteuse de flamme, bénévole, professeur et engagée. En quelques lignes, Fafa, ce n’est pas un surnom. Car son nom complet est Fafa Bechikh. 50 ans, célibataire et sans enfants, cette ancienne athlète de haut niveau sur 400m haies a vu sa vie prendre prendre un nouveau tournant à l’âge de 15 ans après avoir gagné un cross au lycée. C’est après cette victoire qu’elle a trouvé sa place dans le milieu de l’athlétisme.
Tu es passée d’athlète de haut niveau à professeur d’EPS à l’INSEP. Quels conseils peux-tu donner aux athlètes qui prévoient de prendre leur retraite ?
Franchement, la transition peut être parfois violente et brutale. En ce qui concerne la retraite, je pense qu’il faut savoir se servir de son passif d’athlète de haut niveau, réutiliser à bon escient tout ce qui a été acquis en termes d’apprentissage.
Mais au final, ce n’est que du bonheur, car ce que tu as commencé dans le sport te sert d’accompagnement dans tes projets futurs.
Comment es-tu venue à devenir porteuse de flamme olympique ?
Ils cherchaient des personnes inspirantes. Il y avait tout un dossier à remplir comprenant mes expériences passées, actuelles et mes aspirations futures. Je suis très engagée dans des associations pour femmes subissant des violences conjugales, mais également dans d’autres actions qui prônent l’entraide et tout ce qui touche à l’humain.
Un mercredi, on m’appelle en visio pour m’annoncer que je suis porteuse de flamme olympique. Je ne l’annonce pas directement autour de moi car je n’arrive pas encore à le réaliser. Sur 30 000 dossiers, le mien est passé. C’est une folie. Je me suis dit que ça allait prendre de l’ampleur au niveau de mon travail, car je suis professeur d’EPS (Éducation Physique et Sportive), mais ça va aussi prendre de l’ampleur au niveau de mon ancienne commune où je suis née. J’ai été invitée chez Europe 1 (radio française), chez France Inter (radio française) , et puis d’autres journalistes m’ont contactée pour que je leur raconte mon histoire.
Je rencontrais parfois des gens dans la rue. Ils étaient fiers de moi, de Fafa la porteuse de flamme. Ma famille aussi était super heureuse. Cette année, l’année de mes 50 ans, est une consécration. En plus de cela, en mai, on m’a annoncé que j’étais invitée sur l’île de la Dominique pour un Koh Lanta antillais pour faire des épreuves sportives. L’émission sera bientôt diffusée.
Donne-nous trois anecdotes sur trois athlètes de haut niveau.
Pendant la cérémonie d’ouverture des Jeux paralympiques, j’étais avec la délégation en train de les applaudir. À un moment donné, j’aperçois un athlète venir vers moi pour me prendre dans ses bras, et me dire : “ ça va ma belle soeur ?”. Tout le monde autour de nous se demandait qui était cet athlète qui me prenait dans ses bras et qui m’embrassait. En fait, c’était un athlète que j’avais rencontré lors de la délégation de l’an passé.
Une autre petite anecdote… Quand j’étais dans les tribunes, Layla Almasri, une des athlètes de la Palestine, court son 800 mètres, et après sa course, elle vient me voir dans les tribunes car sa délégation était mal placée. Je l’accueille dans ma tribune et là, certaines athlètes américaines et britanniques la reconnaissent et commencent à exprimer leur joie par des cris. J’organise alors une séance photo, et puis Layla commence à signer des autographes sur les baskets de gens, prendre des photos… Cette athlète m’a beaucoup marqué.
La troisième anecdote concerne le brésilien Ricardo Mendonça, double médaillé d’Or sur 100 mètres et 200 mètres.
À un moment donné, arrivée au niveau où étaient situés les médias, je lève la tête et crie : “RICARDO”. Et puis il commence à me parler en brésilien alors que je n’y comprends rien. C’était improbable, mais ma joie était immense.
Qu’est-ce qui a été bien fait lors de ces jeux et qu’est-ce qui devrait changer pour les prochains jeux ?
Au niveau de l’organisation, tout était aligné. C’est vrai qu’il y a eu des polémiques au village olympique par rapport à la literie, et à la nourriture aussi… Certaines personnes se plaignaient de ne pas pouvoir manger en suffisance ou en bonne qualité. En ce qui concerne les transports pour aller d’un site à un autre, c’était bien organisé.
On a vécu six semaines extraordinaires. Ça a été une énorme bouffée d’oxygène pour les français et les spectateurs.
Qu’est-ce que tu souhaites pour la prochaine édition ?
Continuer à réitérer ces projets fous qui nous permettront de raviver cette flamme. C’est une flamme qui a donné la lumière à toute cette France, et qui continuera de flamber dans nos cœurs.
Il faut que ça continue ; avoir ces rapports humains authentiques, et surtout les entretenir pour continuer à briller.
Aujourd’hui, tu es célibataire et sans enfant. Mais on te connaît aussi en tant que femme dynamique et festive vivant l’instant présent.
Y a-t-il un lien entre tes choix de vie et ta forte personnalité?
Je savais dès l’école primaire que je ne voulais pas avoir d’enfants. Mon choix était déjà radical. Je suis un électron libre. J’aime la vie. J’aime la croquer. J’aime la brûler.
Il y a quatre ans, j’ai eu des problèmes de santé qui m’ont fait relativiser. Je prenais déjà beaucoup de recul en ce qui concerne la vie de manière générale, mais quand tu frôles la mort, tu te dis : “Dieu est grand. C’est que ce n’était pas mon heure”. Et donc tu prends les choses à bras-le-corps, et toutes les émotions se décuplent.
J’ai été élevée dans un cocon familial où une dynamique était bien intégrée. De par mon caractère, je ressentais le besoin de profiter de tout, toujours, et tout le temps. J’étais toujours à fond comme si je vivais mon dernier jour. Ma forte personnalité s’est faite au fil du temps.
Je suis très empathique. Et puis entre nous… Le sport est la meilleure école de la vie. On a été élevé dans le respect, à être là pour les autres, à être présent pour notre prochain, à donner, à être dans l’entraide et la solidarité. Ce sont des codes qui sont bien ancrés dans ma famille. Et ça, on ne pourra pas le changer car ça fait partie de nous, de notre personnalité.
Je n’ai pas grandi dans un cocon doré, mais ça ne m’a pas empêché de devenir celle que je suis aujourd’hui ; avec un cocon familial, bien entourée tout en marchant main dans la main.