Lucas Cordonnier s’est révélé l’été dernier, et ce n’est que le début

JOURNAL DE BORD D'UN ATHLÈTE

Réalisé par Trackandmemes, le 28 février 2025

Demi-finaliste des championnats d’Europe U18 l’été dernier, où il est reparti avec la 11e place, Lucas Cordonnier est la nouvelle pépite à ne pas manquer.

Ces derniers championnats ont eu lieu en Slovaquie, du 18 au 21 juillet 2024.

Parmi les six séries annoncées, on a pu voir Lucas se présenter dans la cinquième série, où il a effectué une performance en 54 secondes et 6 centièmes sur 400 mètres haies.

Mais il ne s’est pas contenté de faire acte de présence, puisqu’il bat son record en demi-finale avec une nouvelle performance en 52 secondes et 62 centièmes, le classant ainsi en 11e position parmi les demi-finalistes.



Ton étoile s’est mise à briller de mille feux l’été dernier, mais quels sont tes débuts ?

J’ai commencé l’athlétisme à l’âge de huit ans. J’avais de bons résultats aux cross organisés par mon école. J’ai vite accroché. J’adorais faire toutes les épreuves, sauf les lancers.

J’étais plutôt bon, mais rien ne laissait présager que quelque chose d’aussi grand qu’une qualification européenne puisse voir le jour de si tôt. C’est lors de ma spécialisation sur les haies, en catégorie cadet, que mon coach et moi avions remarqué que je pouvais faire de belles choses.

En première année scolaire, je me suis finalement révélé sur le 400 mètres haies, devenant par la suite le troisième belge sur cette même discipline.

Ça m’a poussé à aborder mes séances d’entrainement de manière plus sérieuse et avec plus de discipline. 


Nouveau coach, nouvelle approche


Je me suis entrainé pendant cinq ans avec Cédric Rans. Il m’a apporté toute la connaissance technique pour les haies, et m’a donné envie d’aborder mon sport avec des objectifs autres que le simple fait de s’amuser. C’est lui qui m’a apporté cette maturité sportive.

J’ai décidé de changer d’entraîneur l’an dernier, en catégorie scolaire 2, en rejoignant Yannick Bonhomme. Ça m’a plutôt réussi, car les séances me convenaient parfaitement. Je devais donner davantage en termes d’intensité, surtout lors de séances de résistance lactique.

Au niveau de l’esprit d’équipe, j’ai un très bon groupe d’entraînement qui me pousse vers le haut, surtout en bonne compagnie de Cyril Daucha, décathlonien belge talentueux.

Si je devais définir ce que mon changement de coach m’a apporté, je dirais que m’entraîner avec Yannick m’apprend à être plus autonome, car Cédric et moi faisions tout ensemble.

Chaque approche a ses avantages et ses inconvénients. Mais j’avoue qu’au début, avec Yannick, je me sentais perdu dans cette indépendance, mais je m’y suis finalement habitué !

J’ai donc commencé la saison 2023-2024 avec beaucoup de changement, mais tout en confiance. Nous ne nous sommes pas fixé d’objectifs en indoor, mais j’ai tout de même effectué des records personnels.

Je dois avouer que j’avais en tête les championnats d’Europe U18, mais de manière assez vague, puisque je ne connaissais pas encore mes capacités. On n’en parlait même pas avec mon coach, car il ne connaissait pas encore mon potentiel sur 400m haies.

J’ai démarré la saison outdoor avec pour seul objectif d’effectuer un record personnel sur ma discipline. Et c’est là que tout a basculé, car j’ai fait sortir de mes jambes un chronomètre proche de vingt centièmes des minima européens, fixés à 53 secondes et 53 centièmes (minima belges) sur 400m haies. Les minima universels étaient fixés à 56 secondes et 20 centièmes.


Qualification européenne


Après plusieurs séances d’entraînement, j’étais prêt pour ma deuxième course en compétition, mais pour faute technique, la qualification n’est pas tombée.

Je me suis finalement qualifié pour les championnats d’Europe lors de ma troisième compétition au meeting international de Nivelles, où j’ai couru en 52 secondes et 89 centièmes. Je savais que la qualification était possible, mais descendre aussi bas dans les minima nous a motivés à fixer un réel objectif pour ces championnats.


Mes championnats


Ma relation avec mon coach était optimale, la préparation physique était dans mes jambes, la qualification européenne était dans ma poche et la motivation était présente… Il ne me restait plus qu’à montrer de quoi j’étais capable.

Je savais que le premier tour passerait sans problème. En série, j’ai très bien géré ma course, en étant bien sûr dans la réserve, car je voulais vraiment sortir une grosse performance en finale.

Je suis arrivé en demi-finale motivé, mais peut-être un peu trop, car j’ai démarré vite, ce qui m’a coûté la qualification en finale pour seulement dix centièmes. J’avais décidé de prendre des risques, mais mon aventure s’est finalement achevée en effectuant tout de même une belle course avec un nouveau record personnel en 52 secondes et 62 centièmes, et une 11e place européenne.

Je n’ai aucun regret, car ces championnats m’ont apporté beaucoup de choses positives. Ça m’a motivé à travailler et atteindre le haut niveau.

Comment as-tu abordé le stress, vu ton jeune âge ?

Je gère bien mon stress de manière générale. Je sais là où le mettre pour qu’il se transforme en motivation. Je ne suis pas du genre à me poser énormément de questions ou à avoir peur, mais par contre, je sais que la discipline de haies demande plus d’attention que celle du sprint plat, car on a moins droit à l’erreur.

À l’heure actuelle, niveau stress, les championnats de Belgique ne me font plus d’effet. Pourtant, en catégorie cadet, j’aurais sûrement réagi différemment.

Avec le temps, j’ai pris conscience de certaines choses, comme le fait que la taille ou la masse musculaire de mon adversaire ne voulait pas spécialement dire qu’il était plus fort que moi. Prendre conscience de tout ça me permet de rester concentré sur moi-même. Mentalement, je me dis que mon petit gabarit surprendra peut-être mon adversaire.

As-tu pu rester toi-même ou as-tu eu l’impression de devoir paraître plus sérieux que ce que tu ne l’es au quotidien ?

Je suis resté sérieux à partir de ma qualification européenne, lors du meeting de Nivelles. Donc, de mai à juillet, j’ai fait attention à mon alimentation, à mon sommeil…

Et une fois arrivé en Slovaquie, je savais que j’étais prêt, donc j’ai simplement profité de l’instant présent, tout en détente… L’objectif était de pouvoir garder un souvenir mémorable.

Lucas avec ses amis, en Slovaquie

À l’inverse, si j’avais été trop sérieux, ou si j’avais mis la barre trop haute, j’aurais peut-être été plus exigeant envers moi-même, et les résultats, ainsi que les souvenirs, auraient peut-être été négatifs.


La suite de ma saison


Après les Europe, il ne me restait plus qu’un seul objectif, les championnats de Belgique scolaire.

J’y suis arrivé en pleine forme, et ai pris la première place, m’offrant ainsi le titre de sacré champion de Belgique pour finir la saison en beauté.

Lucas au championnat de Belgique scolaire, en 2024

Maintenant que l’on connait un peu mieux ton parcours athlétique, qu’en est-il niveau scolaire ?

Je suis en sixième secondaire, en option sociale et psychologie à Welkenraedt.

Je ne sais pas encore ce que je veux faire plus tard, mais l’athlétisme prendra certainement beaucoup de place dans ma vie. Je prévois d’en faire ma plus grande priorité.

Ta spécialisation en psychologie a-t-elle un effet positif sur ta manière d’aborder ton projet sportif ?

J’ai toujours été intéressé par la psychologie. Je pense effectivement que ça a un impact positif sur ma manière d’aborder mon sport, parce que j’apprends beaucoup sur la charge mentale ou autres notions importantes dans le domaine sportif.

Te sens-tu différent par rapport à la saison passée ? Ou est-ce le même Lucas qui se présentera sur piste cet été ?

Je pense avoir changé, car j’ai beaucoup travaillé sur moi-même, notamment sur ma confiance en moi et ma manière de percevoir mon adversaire. Je m’affirme davantage et je crains beaucoup moins mes concurrents.

Et même au niveau de ma foi, désormais, je l’assume pleinement sans ressentir aucune gêne.

Quels sont tes objectifs futurs ?

Je suis maintenant en catégorie junior première année.

La saison a bien démarré cet hiver, et j’espère me qualifier pour les championnats d’Europe U20 cet été, qui auront lieu en Finlande du 7 au 10 août 2025.


Question BONUS: que penses-tu de Mimoun Abdoul Wahab, spécialiste belge sur 400m haies, ayant un record en 49 secondes et 81 centièmes ?

Je le respecte, il est très admirable !

Il laisse paraître une bonne confiance en soi avec un très bon mindset.

Je n’ai jamais réellement discuté avec lui, mais il me donne envie de me battre pour atteindre son niveau. J’espère un jour être en duel avec lui pour voir ce que ça donnerait deux personnes ayant travaillé sur leur esprit courir ensemble.

Ce serait un bon adversaire où la concurrence pourrait être saine. En plus, nos clubs respectifs ne sont pas si loin !

Réponse de Mimoun…


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